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21 mai 2006

Etes - vous un Sujet Réticulaire Persistant (SRP) ?

Tribune publiée sur Nouveauxpouvoir.org

Que l’on le nomme « Bioneer (Biological Pionneers), Creatif Culturel, Connecteur…le sujet réticulaire persistant, bien que non cernable dans des catégories strictes, réunis cependant un certain nombre de caractéristiques parmi lesquelles :

 

- La réticularité c'est-à-dire plutôt une pensée réseau / pensée rhyzome » qu’une pensée binaire, unipolaire…
- La connectivité des individus et des idées qui en fait un acteur d’influence et de viralité (acteur mémétique) de premier ordre
- La conscience de l’inter – dépendance des systèmes (biosphère, sociosphère, noosphère) dont l’équilibre est fragile ou à (re)conquérir mais dans tous les cas à cultiver et préserver.
- La prise en compte de la dimension hologrammique ou fractale d’un univers (nature, humanité, projet…) où la partie à conscience du tout et inversement.
- Une quête de sens et une forme de spiritualité autour d’un certains nombre de questions dont trois qui s’enchevêtrent :

.Qu’allons nous faire de notre vie .
.Qu’allons nous faire de notre espèce
.Qu’allons nous faire de notre planète ?


- Un besoin d’Ethique et de pensée réflexive non plus sur le « comment » des choses mais le « pourquoi ».

Cette vision NextModerne de l’homme et de la nature permets sans doute au Sujet Réticulaire Persistant d’intégrer avant d’autres, ou du moins plus aisément, les changements de paradigmes (bio, socio, antropo, cogno..) en cours.

Changements naturellement de plus en plus éloignés des schèmes « modernes » uni - dimensionnels, binaires, déterministes et des visions cartésiennes par trop réductionnistes, qui ont façonnée l’homme moderne.

Les nouvelles technologies en général et les ORP (Objets réticulaires persistants) tels que blog, Wiki…sont des vecteurs de cette Nextmodernité en émergence que maîtrisent les SRP


A la différence d’objets réticulaires fermés voire autistes (pages et sites Web…), les ORP tel que Wikis, Blogs,…, ont la propriété de germer, mûrir, se propager, faire lien et persister telles des créatures détachées de leur créateur.

L’Orp, comme le SRP, s’auto-produit, s’invente et se ré - invente au gré de ses (re)- créations.

13:00 Écrit par Denis Henri Failly dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : prospective | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

27 avril 2006

Objets Intelligents Non Identifiés

Tribune parue le 14/03/06 sur le Journal du Net Solutions

Qu'ils soient portables, nomades, "mettables" sur soi à l'échelle macro-, micro- voire nanoscopique, la plupart des objets de la vie courante pourront demain héberger des puces du type RFID. Elles leur permettront d'agir soit comme de simples relais d'information, soit comme des capteurs, soit comme des agents de traçabilité ou un peu tout cela à la fois.

La supériorité des puces RFID, et leurs équivalents à venir à l'échelle "nano", est notamment leur capacité à enregistrer une quantité d'information supérieure au classique code barre. A l'échelle de l'encore visible (micro), et de plus en plus de l'invisible (nano), le champs des applications communicantes est immense, à la fois enthousiasmant et angoissant.


  • Des raisons d'être enthousiaste

Grâce aux puces, ces objets seront capables de vous informer sur leur parcours et leur origines, de faire de l'auto-diagnostic, de l'auto-régulation, de communiquer entre eux et de "pré-décider " en amont de toute intervention humaine, d'envoyer par eux même des alertes à un autre objet ou à un humain... Les objets deviendront aussi "cliquables".

Imaginez que les objets deviennent cliquables : il devient possible d'interagir avec eux, par exemple avec un téléphone portable qui devient scanner et souris. Ce téléphone permet aussi de capter des informations issues des objets dans la rue (affiches, monuments, pièces dans un musée, etc...) et de les recevoir par SMS par exemple (horaires et emplacements de cinéma délivrés par l'affiche scannable d'un film).

A l'ère où tout peut être stock ou flux, et au vu de la traçabilité rendue plus facile par ces puces, la liste des secteurs d'activités impactés peut facilement être envisagée. Il est d'ailleurs difficile de distinguer ceux qui pourraient y échapper.

Tout ce qui est personne, espace, objet, flux, stock... devient potentiellement traçable, notamment dans les domaines suivants : logistique, surveillance, géolocalisation des espaces des personnes, des biens, des animaux, suivi et actes médicaux à distance, merchandising distributeur, analyse de données clients, traçabilité des denrées périssables, des produits frais ou vivants, système de paiements, espaces actifs d'ambiances régulables et interchangeables (maison, bureau intelligent), électroménager intelligent (le frigo qui gère vos stocks et réapprovisionne on-line), textiles intelligents (régulation thermique, émission de parfum, changement de couleur...).

La pervasivité pourrait bien devenir la règle, la communication inter-objet est alors continue.


  • Quelques motifs d'inquiétude

Il faut bien reconnaître que certaines avancées sont de moins en moins l'apanage de scénarios cinématographiques ou de romans de science fiction. La frontière entre purs fantasmes, risques de dérive et espoirs / progrès réels pour l'humanité est naturellement une œuvre ouverte à écrire.

Les possibilités des applications biométriques en gestation permettent de déclencher de multiples actions chez soi (ouverture / fermeture de portes, stores, allumage de lumières, changement d'ambiance...) ou au bureau (accès systèmes sécurisés, ouverture de salles, de session informatiques...). Ce sont plus les applications à vocation sécuritaire (jusqu'où peut-on ou doit-on aller) qui interpellent.

Les chercheurs sont capables aujourd'hui de produire des poussières intelligentes (Smart dust : grains desilicium de l'épaisseur d'un cheveu) aptes à manifester certaines propriétés physico-chimiques porteuses d'informations. Par exemple : servir à la sécurité civile pour détecter la présence de produits dangereux en cas de fuite chimique ou de gaz.

S'il paraît concevable que bientôt ces grains pourront à cette échelle réduite et discrète, communiquer entre eux ou avec d'autres objets, interfaces ou réseaux, on imagine leur intérêt en termes de tracabilité pour les services de renseignements de toutes ordres.

Et l'individu "silico - greffable", c'est pour quand ? Le fantasme de la puce intégrée au corps humain n'en est plus un. Récemment, une discothèque espagnole a mis en place un système de paiement des boissons réservé à un public "électroniquement taggé". Une puce, placée sous la peau du bras, permet de payer la note par simple scan.

Si ce n'est pas déjà le cas, notamment dans les pays où l'enlèvement d'enfants est légion, on peut imaginer que certains enfants de familles aisées se feront implanter une puce pour être géolocalisable à tout moment...

On peut également imaginer - demain - disposer de puces "téléphoniques" intégrées sous la peau.

Enfin, parmi d'autres événements, les chercheurs en biotique (alliance de l'informatique et de la biologie) ont réussi à greffer un neurone sur une puce de silicium ou, plus récemment, de récupérer l'influx nerveux d'un réseau de neurones (cultivés en laboratoire) pour se connecter à une interface informatique et modifier par exemple, l'assiette d'un simulateur de vol vidéo.

S'il s'agit de trouver des applications permettant de faciliter la vie des handicapées, par exemple, c'est enthousiasmant. Pour le reste, je vous laisse imaginer la portée et le champs des possibles.

La liste des applications envisageables serait encore longue mais elle nous fait dire que face à cette omni/multi connectivité, le luxe de demain pourrait bien être de pouvoir se déconnecter.


  • Le système des objets intelligents

A l'instar du DNS (Domain Named System) qui permet de faire correspondre à une adresse IP un nom intelligible et mémorisable par l'internaute, tout objet pourra se voir attribuer une adresse du type IP, devenant ainsi interconnectable, repérable, accessible et traçable sur la toile des objets. Évidemment, les activités privatives ou confidentielles de ces objets devront être protégées.

Sachant qu'il y a plus d'objets que d'êtres humains sur la planète, on imagine la gigantesque cotte de maille d'objets communiquants interconnectés qui va recouvrir la planète. Cependant on peut raisonnablement se poser les questions suivantes :

- Comment définir et gérer l'existence d'un ONS (Object Name System) ?
- Quelles instances attribueront et géreront les ONS ?
- Comment s'assurer de leur indépendance et éviter les dérives (traçabilité) ?

Par ailleurs, ces questions d'ordre technique - voire juridique - ne nous dispenserons pas d'élargir notre interrogation à l'Ethique, quand on sait que des (dia)logiques que l'on isolait les unes des autres par habitude, confort ou ignorance, sont en train de converger : réel / virtuel, organique / informatique, homme / machine... Face à ce paradigme en gestation, où et comment nous positionnons nous ?


Denis Failly

14:25 Écrit par Denis Henri Failly dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Prospective, RFID, objets intelligents | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

28 février 2006

Le peuple des connecteurs : Ils ne votent pas, ils n'étudient pas, ils ne travaillent pas... mais ils changent le monde

A lire sur la bibliothèque NextModerne, l'interview de Thierry Crouzet







Denis Failly - "Thierry Crouzet, ils ne votent pas, n'étudient pas, ne travaillent pas et en plus ils changent le monde, pourquoi cette présentation des connecteurs par ce qu'ils ne sont ou ne font pas plutôt que l'inverse? Peut-on les définir ou sont-ils symptomatiques du caractère mouvant, multidimensionnel, voire insaisissable ou flou du "monde qui vient "?


Thierry Crouzet -
Comment parler des connecteurs aux gens qui ne sont pas connecteurs ? Je ne pouvais pas titrer : les connecteurs s’auto-organisent, ils engendrent des structures émergentes et jouent avec les états critiques. J’ai un passé de journaliste, j’aime les formules chocs. Pour me faire comprendre, j’ai donc choisi de me référer à ce que tout le monde connaît et j’ai essayé de montrer que les connecteurs remettent tout cela en question. Quand je dis « Ne pas voter », il faut entendre « Ne pas voter comme nous avons l’habitude de le faire ». Et ainsi de suite. Dans le livre, j’espère être beaucoup plus positif. Les connecteurs changent les règles du jeu chacun dans leur coin, mais ces coins se rejoignent peu à peu et engendrent une nouvelle société. Quant à définir les connecteurs, c’est assez difficile.

La suite ici

17:50 Écrit par Denis Henri Failly dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Marketing, crouzet, failly, connecteur, modernité | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

21 février 2006

La bibliothèque NextModerne, Episode 1

Dans le cadre de nos interviews d'auteurs NextModernes, j'avais interviewé Alain lefebvre, à propos de son ouvrage Les réseaux sociaux - Pivot de l'Internet 2.0 , le fondateur du réseau 6nergies a souhaité à son tour m'interviewé à propos de la bibliothèque NextModerne sur son blog les reseaux sociaux , j'ai reproduit ici la teneur de l'entretien.

Alain Lefebvre - pourquoi ce site ?

Denis Failly -
A l’origine, la démarche était un peu personnelle, j’ai souvent été frustré de ne pouvoir faire partager à mes amis, mes lectures dans des domaines aussi variées que les Sciences, la Sociologie, le Marketing ou l’univers des Technologies.
Par ailleurs au vu du caractère étonnement spécialisé, cloisonné et parfois claironné de certains discours et certaines pratiques dans mon métier par exemple (le marketing et les Etudes) j’ai voulu signifier ma conception du Marketer - Etudes que j’essaie d’être.

En bref celui là même (le marketer) qui prétendrait saisir le client, le marché, les acteurs dans leur multi-dimensionnalité, doit être lui même “multiple”, transversal, avec des yeux, des oreilles branchées sur le réel d’une part et sur ce que font d’autres dans des domaines à priori différents (sociologie, sciences,etc) mais pas tant que cela puisque nous parlons de l’humain.
Plus globalement dans mon fonctionnement intellectuel je ne suis pas homme de cloisonnement, d’ordre intangible et de dogmatisme, j’aspire au chevauchement, à l’hybridation, au métissage des idées, d’où la variété de domaines , d’ouvrages et d’auteurs (non exhaustif évidemment) dans cette bibliothèque NextModerne.

Certains auteurs comme Edgar Morin, Michel Maffesoli, Jean Louis Lemoigne ont influencé et contribué à modeler ma forme d’esprit et mon rapport au monde. Tous nous disent (et nous le constatons) que les pratiques linéaires, binaires, cartésiennes, déterministes, analytiques par habitude, réflexe, « formatage » lié à l’éducation, au confort de l’inertie ou à l’ignorance (qui s’ignore ou entretenue) ne sont plus en phase avec les réalités de la prochaine modernité qui germe. Les stratégies, les outils, les méthodes, voire les concepts, qui émergeront devront s’alimenter d’une culture de la complexité que peu appréhendent aujourd’hui à commencer par nos élites et pour être clair une certaine intelligentsia plus gesticulatrice et médiatique, que fondatrice d’une pensée ou d’une réflexion nouvelle.


Alain Lefebvre - quel est l’objectif recherché par ce blog ?

Denis Failly - Il s’est avéré que cette envie de partager des ouvrages plus ou moins connus, plus ou moins récents est entrée en résonnance avec Yves Duron, avec qui je travaille chez NextModernity et avec lequel nous souhaitons promouvoir la notion de NextModernité.
Qu’on la qualifie de Post, Hyper ou autre, elle se veut une vision du Complexe et du systèmique où s’interpénétrent les sphères “bio noos, socio, cogno, anthropo…”.
Bref elle suppose une élasticité d’esprit, un goût pour la vision transverse et métaphorique qui s’acquiert non seulement dans des écrits (la bibliothèque) mais naturellement aussi dans la confrontation au réel (l’observation, le vécu et le ressenti) que ce soit dans nos vies privéesou dans nos (recommandations /actions) chez NextModernity.
La NextModernité ne se veut donc pas un concept ou pseudo concept révolutionnaire ou fumeux mais plutôt une interpellation via des démarches et des outils opérationnels.


Alain Lefebvre - comment sélectionnez-vous les titres mis en avant ?

Denis Failly - Je parle naturellement en mon nom mais les titres sont choisies de multiples façons, parmi lesquelles

  • leur caractère fondateur, incontournable ou fondamental à notre sens (exemple le Macroscope de de Rosnay, les volumes de la Méthode d’Edgar Morin…),
  • leur caractère alternatif ou hors des sentiers battus à l’époque de leur sortie (Alternatives Marketing de Bernard Cova…),
  • l’explicitation d’un domaine qui nous intéresse : Complexité, Chaos, Systèmique, Creatifs Culturels, Développement…,
  • les ouvrages qui nous parlent de l’écosystème Homme-Nature et du “retour de l’humain” en interaction avec son environnement (”Le livre de l’essentiel”, “80 Hommes pour changer le monde”, “l’économique et le vivant, “Graine de possible”, …),
  • certains Rapports d’intérêts et référencés “sous le même toit” peuvent aussi trouver leur place (par exemple, le rapport de l’Unesco sur la Société du savoir),
  • enfin certaines connaissances plus personnelles ont pu ici ou là voir leurs ouvrages présentés

bref tout ouvrage qui nous permets de réfléchir, de penser le complexe et interpelle l’intelligence collective ou interrogent les consciences individuelles a sa place ici, (à vous d’interpréter le genre d’ouvrage qui n’a pas sa place ici !).


Alain Lefebvre - en quoi ces livres sont-ils significatifs d’une évolution en profondeur de notre utilisation de l’Internet ?

Denis Failly -
A l’age de la connaissance, à l’heure du “anything anywhere anytime” (ou presque), des réseaux pervasifs… les modes de représentations, de conception et de vécu de l’espace et du temps changent.
Nous sommes dans des sociétés liquides, de continuum, de glisse ou tout se meut et change et crée des émergences, des formes d’actions, d’Etre et du Connaître, nouvelles ou à inventer et il me semble que ces ouvrages (ils y en a tant d’autres…) entre-ouvrent quelques portes, donnent quelques clés pour comprendre et pour essayer d’anticiper (pas facile…) mais surtout ils nous invitent à faire le tri selectif dans plus de deux cents ans de Cartésiannisme et de positivisme Comtien.

11:25 Écrit par Denis Henri Failly dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Prospective, denis, failly, prospsective, complexite, nextmodernity, nextmoderne, km, knowledge | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

15 janvier 2006

Une bibliothèque NextModerne

Plus qu'un concept ou une posture discursive, la NextModernité est à la fois vision, démarche dynamique, élasticité d'esprit, moyens et fins pour quitter une Modernité déclinante et aborder, éclairer les émergences, transitions et changements de paradigmes (bio, noos, socio, cogno, anthropo...) qu'appelle la NextModernité en cours.

Tous corpus de connaissances, de réflexions, s'abreuvent à de nombreuses sources, qui de la simple discussion à l'ouvrage en passant par la conférence, la rencontre, l'observation... méritent d'être écoutés, collectés, infusés, diffusés, commentés, déconstruits..
Rappelons que la connaissance est la seule valeur qui augmente lorsque on la partage et que connaître signifie «naître avec».
Vaste programme donc auquel cette «library» non exhaustive et humble, participe en proposant
quelques jalons éclairants.

Certains de ces ouvrages sont naturellement plus ou moins récents, plus ou moins connus, mais selon le cas, c'est leur caractère fondateur, vulgarisateur, ou anticipateur qui a retenu notre attention.
Qu'ils interpellent l'intelligence collective ou interrogent les consciences individuelles dans moult domaines (Complexité, Prospective, Sociologie, Marketing, Sciences,...) ces ouvrages ne peuvent pas laisser indifférents.

Moteur pour l'analogie, la métaphore et la fertilisation croisée, qui aident à penser autrement, ces ouvrages suscitent, alimentent, enrichissent aussi notre approche et nos recommandations clients chez NextModernity

Vous êtes naturellement convié à laisser vos commentaires sur les ouvrages référencés ici et à nous en suggérer d'autres le cas échéant

Bienvenue sur la et Bonne lecture

Denis FAILLY


20:10 Écrit par Denis Henri Failly dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Prospective | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

21 janvier 2005

Perspective(s) d'une prospective client

Publié en juillet 2004 sur Visionary Marketing

I - Prospective et Marketing
II - Des terrains de jeux à priori différents
III - Une dimension commune : la complexité
IV - Des attitudes stratégiques superposables
V - Le trio transdisciplinaire



I - Prospective et Marketing

« Indiscipline intellectuelle » (Pierre. Massé) la prospective[1] à pour objet d’anticiper pour agir en regardant loin, large et profond (Gaston Berger)
Il s’agit pour le prospectiviste d’éclairer l’action à la lumière des futurs possibles et souhaitables.
La question posée est de savoir si cette démarche globale, dont l’horizon de travail est le long terme, peut être transversale à d’autres disciplines et plus spécifiquement au marketing qui, à défaut d’en maitriser toutes les subtilités, peut s’en inspirer et en adopter certaines postures dans sa propre démarche cognitive centrée notamment sur l’acteur client.

La prospective qui s’interroge sur le « que peux t - il advenir ?» rencontre la stratégie et n’est pas incompatible avec le marketing (stratégique) lorsque elle s’interroge sur le « que puis-je faire ?», « que vais-je faire ?» et « comment le faire ? » (cf. Michel Godet)
Systémique, multi-dimensionnelle et trans-disciplinaire (cf. Pierre F.Gonod) la prospective n’est pas une science du futur et toute tentative d’assimilation à la prédiction est une imposture.
Il n’existe pas non plus de statistiques du futur mais un champs des possibles, scénarisables, probabilisables au même titre que la pratique de l’analyse de données client recourant aux méthodes de datamining (modélisation de données par apprentissage via réseaux de neurones, cartes de kohonen etc, par exemple).
On entrevoit ici certaines similitudes épistémologiques avec la démarche étude en marketing à partir de laquelle on peut extraire de la « connaissance client ».


II - Des terrains de jeux à priori différents

Mais les cas de prospectives, pour ceux dont on peut avoir connaissance (confidentialité oblige) sont souvent très « marqués » industrie, énergie, défense, territoires, transports, ou technologie, etc relevants de « macro structures » (grands groupes industriels, état, administrations, entreprises publiques...) qui possédent un pouvoir (quasi) régaliens où le client (voire plutôt l’usager) n’existe que comme la résultante d’un processus de production et non comme son générateur.
De plus il semblerait que certaines études prospectives commandées par les représentants de l’Etat servent de vivier pour les Politiques en panne et donc en quête de projets.
De fait dans les analyses, le client est quasi - inexistant ou considéré comme un simple acteur de la demande et résumé sour le terme « consommateur » au sens économique du terme et non marketing.
La perspective d’un client dynamique, complexe, proteïforme n’est donc pas intégré dans les analyses qui sont de ce point de vue quelque peu réductrices.

Ainsi donc à l’heure de la servuction[2], de l’hétérogéneïté des comportements et du zapping client à tout va, il serait aberrant de considérer que l’acteur Client est résiduel (peu influent et très dépendant sur le jeux des acteurs) sans (em)prise réelle.
Ne parle t - on pas d’ailleurs de plus en plus de « Part de client » en lieu et place de la classique « Part de marché » pour les entreprises « datavores ».
De plus dans le domaine des services et notamment « on line » le client devient co-producteur (prosumer) voir « auto – producteur » de biens dématérialisés, il est donc apte à bouleverser la donne sur un certain nombre de marchés (cf. p2p et industrie musicale par exemple).


III - Une dimension commune : la complexité

La difficulté liée à une plus grande valorisation du client en prospective nous ramène encore et toujours à la problématique constante d’une dimension variable : la complexité
En effet comme signalé dans un article précédent « De l’usage de la métaphore au service de la connaissance client » nous avions souligné, du moins rappelé en recourant notamment aux métaphores du chaos et de la physique quantique, le caractère complexe, insaissisable de l’entité client avec les outils d’études et d’analyses de données (connaissance client) actuels.
L’homme de marketing et d’études ainsi que le prospectiviste sont donc confrontés à une problématique commune qui est l’intégration de la complexité dans leurs réflexions, leurs démarches, leurs pratiques et leurs outils ou applications qui d’ailleurs par soucis de simplicité et d’appropriation demeurent assez déterministes et rationnels (cf. logiciel de prospective du type Mactor[3] par exemple....).

Plusieurs questions viennent alors à l’esprit :

faut-il des outils complexes pour aborder le complexe ou des outils simples, appropriables par tous avec le risque inhérent d’un certain réductionnisme ?
De façon subséquente à l’appropriation, la pratique de ces outils et méthodes doit-elle demeurer entre les mains des seuls experts ou utilisables par les collaborateurs internes à l’entreprise engagée dans une démarche prospective ?
Au vu du dilemne posé à la prospective par l’acteur client (influence croissante, dépendance plus que relative, complexité) et les nouveaux marchés (services, produits et processus dématérialisés...) une prospective client est - elle envisageable,
pertinente et souhaitable ?
Pour ce faire, il faudrait naturellement que chaque domaine d’expertise se connaisse et s’intéresse l’un à l’autre :

- l’un (le marketing) pour initier, alimenter et enrichir une culture des processus services et des clients auprès
des prospectivistes,
- l’autre (la prospective) pour apporter une (méta)vision plus englobante, plus multiple aussi (économique,
démographique,...) aux hommes de marketing dans leurs façons d’appréhender un marché (variables clés
indirectes, cachées ou acteurs dormants voire embryonnaires comme autant de germes annonciateurs de
futures tendances)


IV - Des attitudes stratégiques superposables

En reprenant les attitudes face à l’avenir proposés par Michel Godet (voir bibliographie) on peut mettre en regard les deux démarches marketing et prospective et envisager de façon incrémentale en quoi la démarche marketing peut, avec toutes les précautions nécessaires se calquer sur la démarche prospective.

Rappelons en premier lieu la dimension spatio-temporelle des deux disciplines :

- le temps long de la prospective (10, 15, 20 ans et plus), la vision globale, le chemin importe plus que le but, la
carte n’est pas le territoire.
- le temps court du marketing (du très court terme à 5 ans tout au plus) selon qu’il est stratégique ou
opérationnel, le résultat immédiat, mesurable, rentable.


Les attitudes face à l’avenir :

- La passivité : pas de scénarios, la stratégie au fil de l’eau, entretenir le système, se voiler la face.
- La réactivité: pas de scénarios, stratégie adaptative, attendre que les menaces externes se manifestent pour
réagir.
- La préactivité: scénarios exploratoires, stratégie préventive, envisager les changements et s’y préparer.
- La proactivité: scénarios anticipatifs, stratégie volontariste, anticiper les mutations, se donner les moyens et les
mettre en oeuvre.


V - Le trio transdisciplinaire

Pour parfaire cette approche multi – vues mutuellement appropriable de l’acteur client, un troisième homme nous semble indispensable : le sociologue
Si on le définit comme le décrypteur des faits sociaux et des mécanismes qui régissent les rapports entre les individus et un ou plusieurs groupes donnés, il devient incontournable pour appréhender les dimensions cachées du sujet social mouvant (à la fois individu, citoyen, consommateur...).
Par ses comportements et ses appartenances (tribus, groupes sociaux...), il influence le marché (au sens large) et est influencé par lui (rétro-action).
Dans les années 70 un groupe de « prospective sociale » n’ambitionnait - il pas de « hisser la prospective comme une branche de la sociologie de la connaissance » (cf. P. Gonod ).
Réunir ces trois compétences (marketing – études, prospective, sociologie) en une seule personne est assez rare si ce n’est auprès de certains « Planners stratégiques » , numériquement faibles (une quarantaine en France), et exercant principalement au sein des grandes agences de publicité.

A défaut de réponses définitives quant à la pertinence d’une prospective client, de fructueuses collaborations, nous semble t-il pourraient naître entre :

- les hommes de marketing / études, centrés sur le client, ses comportements (niveau local, « micro ») et les
marchés servis.
- les prospectivistes orientés de façon plus globale (« macro ») sur les jeux d’acteurs (objectifs, enjeux,
positions, relations) et le champ des possibles (que peut-il advenir ?, quels scénarios probables, vraisemblables,
souhaitables ?).

Enfin tout ce qui tend à relier, transversaliser, les hommes, les disciplines, les processus et les structures, pour aborder et intégrer le complexe ne peut être que productif et porteur d’avenir.


Denis FAILLY


[1] Prospective : Nous parlons dans le cas présent de la prospective « à la française » initié par Gaston Berger et Bertrand de Jouvenel (créateur de la revue Futuribles) enrichie, rendue lisible et appropriable par Michel GODET qui dirige au CNAM (Conservatoire des Arts et Métiers) le seul enseignement complet et diplômant en France,
consacrée à la discipline


[2] Le concept de servuction a été créé pour marquer un changement de référent dans la conception des services par rapport à la conception des produits. Longtemps prédominante dans l'économie des sociétés occidentales, la production de biens a généré une culture managériale et marketing particulièrement adaptée à la logique du secteur secondaire. Pour autant, la suprématie de ces approches ne conduit pas forcément à leur adéquation avec le secteur tertiaire ; celui des services. La montée en puissance de ce secteur (les trois quarts de l'économie française reposent dorénavant sur ce secteur) est donc l'occasion d'inventer de nouvelles approches mieux adaptées à des logiques différentes. Voir définition

[3] Mactor : sur les logiciels de prospective voir Prospective foresight pour Mactor voir aussi le site d'E. NEAU
Sur la méthode voir le LIPSOR (Michel GODET)


Quelques éléments bibliographiques :
Godet Michel : « De l’anticipation à l’action : manuel de prospective et de stratégie, 1991, Dunod »
Gonod P.F Dynamique des systèmes et méthodes prospectives, Travaux et Recherche de prospective, 1996 »

15:50 Écrit par Denis Henri Failly dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Prospective | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |