Marketer et Marketing du Futur (14 mars 2014)
Le marketer de demain, loin d'être un acteur aux connaissances cloisonnées par une hyper spécialisation qui ferait ce qu'on lui de demande faire ou "execute" le "plan" décidé en amont par ceux qui pensent savoir (surtout en environnement incertain, flou, imprévisible et donc mouvant) devra être apte à la transversalité dans la réflexion et l'action.
Un peu comme un fractal où la partie a conscience du tout et inversement.
Ce qui signifie, de notre point de vue, qu'aux visions et pratiques actuelles en "silos" compartimentées et avec quelques relans pyramidaux...devront se substituer des comportements et une culture qui dépassent le Marketing qu'un jour le marketer a appris dans une bible dans son école de commerce.
Le marketing s'adresse à des humains et non à des unités de comptes enfermées dans des mégabases de données (vision comptable et CRmiste réductionniste).
Le marketer devra aussi s'intéresser à la "sociologie" des populations qu'il cible ou tente de cibler considérant :
- l'infidélité croissante,
- le zapping permanent,
- la défiance face aux institutions, opérateurs, marques, tous types d'autorités...
- l'hétérogénéité des comportements et la multi-dimensionnalité des statuts, postures, humeurs du consommateurs qui est aussi citoyens,salariés... )
- L'alliance /ré-alliance des contraires, l'accommodement au paradoxe, la logique du ET primant sur le OU binaire
- Le besoin de lien, de reliance plus que de bien que souligne notamment la couche sociale du Web et les usages qui s'y rapportent (les marchés sont des conversations au sens du Clue train manifesto)
- L'hybridation des accès, des contenus, des sources de connaissances, de comparaisons (offres...)
- Le marketer orienté vers l'avenir sur des marchés ou plutôt des espaces multi-formes loin des définitions classiques des marchés (qui peut définir aujourd'hui ce qu'est réellement un marché quand la complexité est le nouveau paradigme du réel ?) devra aussi développer des visions créatives, innovantes et prospectives.
Pour souligner cette nécessaire adaptation du marketing aux réalités sociétales multiples (au delà de la notion de client, de marché et de toute la sempiternelle réthorique Marketing classique et "old school") Bernard Cova avait proposé le terme de "Societing" en lieu et place du mot Marketing, le terme n'est sans doute pas très heureux mais à le mérite de souligner la voie vers laquelle le marketing devra muter.
Le marketing à l'instar des économistes est devenu auto-référentiel, il tourne en boucle, à perdu un peu de la société en route et de l'humain (au delà des préoccupations marchandes), il s'est oublié dans une forme d'auto-contemplation / satisfaction, et n'a que peu fait une revisite de ses fondements, ses buts, sa place dans la société et non pas juste face à un marché ou un client solvable.
S'interroger non plus seulement sur le comment mais sur le pourquoi en prenant en compte l'écosystème complet (pas seulement le client, le marché...) ne semble pas une aberration. La quête du sens plus que du signe.
L'école anglo-saxonne du Marketing (Performance, efficacité, R.O.I...) qui nous a formaté devra bien rejoindre de façon équilibrée l'école dite latine ou méridienne du Marketing (accès sur l'humain, le lien, le sociétal, le communautaire, le sociologique...) plus organique, cellulaire, exploratoire, qualitative, expèrientielle orientée serendipity parfois (donc sans plan ou vision totalement pré-établie et fermée).
Si les mots ont un sens, les mots "Direction" et "fonction" Marketing dans le vocable en cours dans nos entreprises sont des archaïsmes sémantiques aussi révélateurs de la persistance pyramidale, "control & Command" de nos organisations.
Les termes d'animateurs, de médiateurs, de catalyseurs/facilitateurs de projets et de potentiels...me paraissent plus aptes à représenter le devenir de ces "fonctions".
Ce qui est valable pour le marketing l'est naturellement plus globalement pour le management.
Naturellement tout cela nécessite des remises en questions : des statuts, des taxonomies métiers/fonctions/connaissances, vocation même du sujet marketing et dans ses objets, c'est un peu inédit.
En période de crise naturellement on peut craindre que tel l'animal apeuré une tendance au repli sur soi se manifeste.
La cristallisation sur les acquis, la prédominance du cerveau reptilien de l'organisation pour préserver des rentes de toutes sortes, risque fortement de prendre le pas sur l'activation du néo-cortex de l'entreprise en général (créativité, Intelligence collective/connective...) nécessaire pour préparer l'après crise (qui naturellement est loin que d'être qu'une crise financière).
Bref nous risquons le tropisme figé dans le passé et l'inertie du présent en somme.
On le voit dans l'attentisme et les coupes sombres budgétaires par exemple où le marketing, la communication voire l'innovation trinquent souvent en premier en période incertaine.
Le sujet déborde donc largement le Marketing, le management et l'entreprise, et est véritablement sociétal, nous sommes dans un jeu de résonances et d'impacts mutuels à tous niveaux.
18:28 Écrit par Denis Henri Failly | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : marketing, denis failly, failly, prospective, transversalité | | Facebook | | | Imprimer | |
Commentaires
Merci pour cet article, ahhh ca c'est sur qu'il va falloir que le marketing évolue avec son temps et élargisse un peu sa vision des choses s'il veut toujours coller à la cible...soyons transversaux et surtout plus ouverts sur le monde et les aspirations des consommateurs!
Écrit par : Estele | 14 mars 2014
J'adore quand le "Marketing" s'interroge sur sa raison d'être :) mais le questionnement ne doit pas faire oublier la mission : influencer les comportements pour que la cible achète mon produit plutôt qu'un autre ... en dehors de toute autre considération ... Alors s'adapter c'est améliorer encore les outils de manipulation qui permettent d'influencer les comportements ...
Petite remarque, quand un "marketeur" commence à se poser des questions sur le bien fondé, l'éthique, la morale ou le sens de sa mission ... il est temps qu'il change de métier ... tout questionnement en ce sens est incompatible avec la mission ...
Écrit par : Olivier CHAILLOT | 15 avril 2014
Merci Monsieur Chaillot pour votre étonnante contribution qui à le mérite de ne pas être lénifiante, mais c'est du lourd ce que vous nous servez là !
Qui définit la mission dont vous parlez, êtes vous certain de son unicité et du consensus autour d'elle ? "En dehors de toute autre considération" dites vous, je crains que vous ayez 50 de retard et que vous ayez pris le Kotler pour une bible éternelle intangible.
Quand un autre marketeur (je suppose que vous l'êtes) a de tels propos il est temps aussi pour lui de changer de métier mais, je crains que cette position révélatrice dans ses certitudes affichées, à la limite du péremptoire concerne tout type de fonctions, (voir au delà) qu'il serait amené à occuper.
Je suis assez triste pour vous et je ne peux que vous encourager à entrer dans le 21ème siècle, à sortir de votre bureau et à vous mettre grandement à la page...
Pratiquez, lisez, sortez, fréquentez des conférences, discutez avec vos pairs professionnels, vos clients bref, mettez vous au niveau, vous verrez ça fait du bien et ça peut servir.
Bien à vous
Écrit par : Denis Failly | 15 avril 2014