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10 avril 2014
L'Allbound Marketing B2B pour (ré)concilier Inbound et Outbound Marketing
Idées, concepts buzzwords s'enchaînent, rebondissent en Marketing; les uns pouvant chasser les autres, jusqu'à renier les idoles d'hier et à en promouvoir d'autres qui sont soit totalement nouvelles (assez rares) soit reformulées, réinventées de façon incrémentale et ce en phase avec de nouvelles possibilités permises par exemple par les technologies.
Cette (ré)actualisation donne souvent lieu à une sorte de débat binaire entre ceux qui seraient les anciens et les autres les modernes, les In et les Out où la logique d'opposition domine plutôt que l'alliance des contraires ou des complémentaires, question de points de vue.
Sur l'Inbound et l'Outbound Marketing on pourrait être tenté de tomber dans le même travers, hors je pense qu'ils demeurent complémentaires.
L'Inbound consiste à faire venir à soi le client via une stratégie et un dispositif ciblé, engagé avec le consentement du ciblé.
L'Outbound marketing quant à lui sans avoir forcément le consentement du ciblé va tenter d'aller le chercher sur les espaces qu'il fréquente.
Si on se recentre sur le B2B, 3 attitudes possibles :
Demeurer dans l'Outbound marketing (Marketing sortant ou d'interruption)
Se limiter à de l'Outbound classique (ad words, display , mass emailing...) qui sature aussi les espaces, et surtout les prospects, les clients. Cette outbound est surtout par atavisme l'apanage du B2C.
Le côté "one shot" de l'Outbound peut aider en terme de notoriété, de création de trafic, voire de transactionnel à court terme, mais en B2B cela ne construit pas grand chose à long terme dans le dur et la continuité (là je pense, Engagement client, Fidélisation voire "cercle vertueux de l'"Enchantement client"...). Avoir 10 000 +1 sur Google +, 100 000 Fans ou "j'aime" sur Facebook, vous situe entre le clin d'oeil, le succès d'estime, et une présomption de reconnaissance mais guère sur une base certifiée d'engagement.
Adopter l'Inbound Marketing (Marketing entrant ou d'attraction) et générer du lead qualifié
Attention je ne prétends pas que l'Outbound n'est pas générateur de leads; c'est plus la qualité des leads et la pérennité des leads engrangés qui interrogent sur le long terme.
Si j'osais la métaphore amoureuse, ce serait faire le choix entre l'aventure souvent sans lendemain, éphémère (Outbound) ou la construction progressive, à plus long terme d'une relation mutuellement compréhensive et bâtie sur la confiance (Inbound), ou "sportivement" parlant la différence entre le Sprint et le Marathon, je vous laisse deviner qui risque de s'essouffler en premier.
Naturellement les choses ne sont pas aussi binaires et tout peut arriver dans les deux cas.
Ainsi donc l'Inbound marketing s'inscrit plutôt dans le temps long, le problème, à l'instar des réseaux est que nombre de marketers veulent tout tout de suite en terme de ROI alors que le prospect, client est un électron libre qui a à sa propre temporalité, ses humeurs, ses zapping, ses infidélités...(oui en B2B même la rationnalité est limitée) avec lesquelles il faut compter, sans parler des contraintes budgétaires, du niveau de complexité des solutions, de l'identification / évaluation des besoins réels, du nombre de personnes impliquées dans un processus de décision (4 en moyenne en achat B2B)...
Avec l'Inbound Marketing, on privilégiera :
- des stratégies de contenus 'intelligemment déployées' (avec scénarisation, nurturing et scoring)
- une expérience client, pensée, construite, adaptative (responsive design, customer journey...)
- un référencement plus qualitatif (SEO) non plus du site seulement en tant qu'unité "primaire" mais de l'ensemble des contenus qui peuvent être concentrés "in situ" ou éclatés "extra muros" (sites, blogs partenaires, réseaux sociaux...) et ce en phase avec les exigences de plus en plus qualitatives de l'algorithmique "Googlienne".
L'Inbound condamne à être plus qualitatif, agile, à prouver son expertise plus que de la proclamer et...à être plus intelligent.
L'expérience aidant, doté de notre propre grille d'analyse, un site reflète et nous donne quelques éléments d'indications en terme d'image perçue sur la culture, l'organisation, la dynamique voire même la capacité d'innovation d'une entreprise. L'ergonomie, le look and feel, la qualité et le type de contenus (experts ou évangélisateur, d'intérêt, pertinents, engageants, partageables, aux bons formats...) sont devenus naturellement des attributs signifiants de la marque. Cette centration sur le fond et la forme participe à la démarche Inbound. à condition que site et contenus soit "trouvables" et donc référencés (SEO).
Content Marketing et lead generation
Le marketing de contenu, un des piliers de l'Inbound marketing n'est pas là pour faire de la figuration ou pour tester ses éventuels talents d'écriture; il s'agit bien de narrer son expertise en combinant les formats digitaux disponibles (articles, livres blancs, videos, Webinaires, infographie, business cases, témoignages clients...) ou à inventer (Transmedia...) afin de :
- connaître les profils, suivre et comprendre les comportements et parcours des visiteurs cibles, segments, personas...(Reverse & Ip Tracking en B2B, Qualification via CTA[1], Landing Pages, Formulaires...)
- d'enclencher une boucle vertueuse d'attraction - engagement - conviction - transaction - réachat pour qualifier progressivement les visiteurs de votre site en fonction :
- de leurs statut (suspect, prospect, lead , lead qualifié (MQL/SQL[2]) piste/opportunité, client)
- de leur avancement au sein d'un tunnel de conversion qui leur est propre et non standard
- du cycle d'Achat non forcément calqué sur le cycle de Vente de l'entreprise éventuellement modélisé en amont.
- donner matière à (ré)agir au Commercial pour reprendre la main lorsque le Marketing "lui sert" idéalement des leads qualifiés (MQL) grâce à ses actions Inbound.
Du Tunnel de sélection à la spirale de conversion
La vision en forme de tunnel, ancrée dans l'imaginaire collectif des marketers est encore couramment utilisée pour signifier un parcours, un chemin de progression dans la conversion client. Il s'agit naturellement d'une métaphore réductrice de la réalité. Un réducteur de complexité en quelque sorte. Il s'agit en réalité plus d'une façon de visualiser un processus de filtrage, d'écrémage plus que de conversion.
Sauf au temps de l'inquisition on ne se convertit pas volontiers sous la contrainte mais plus par appropriation, conviction, engagement et confiance.
La vision circulaire et notamment en spirale me paraît plus féconde et moins linéaire.
La figure de la spirale ascendante tout en soulignant une évolution non linéaire, par opposition à la vision "mécaniste" du tunnel, conçoit de façon explicite, le saut, la respiration, l'ouverture sur d'autres écosystèmes que le sien, que celui de la marque.
Un tunnel est fermé, filtrant et pour le dire avec un peu d'ironie, peut conduire telles des œillères à l'aveuglement et à l'autisme alors que la démarche Inbound repose aussi sur l'écoute et l'attention consentie.
Enfin la trajectoire spiralée garde en elle le chemin déjà parcouru en terme d'expériences client, interactions avec la marque, ses contenus, ses points de présence digitaux.... chaque bras spiraux est porteur du vécu, de l'expérience client et se déploie, se projette vers un ailleurs, un état supérieur de satisfaction, réponses, bénéfices, enchantement..client.
Le Marketing automation comme réducteur de complexité
Si dans sa démarche d'Inbound Marketing, le marketer devait construire la matrice à 4 dimensions (à minima) représentant les scénarii en "quadrinômes" : Cibles (personas, segments...) <----> Contenus (multi-formats) <----> Statuts (suspect, pré-lead, lead qualifié...client)< ----> Etat d'avancement (awareness, consideration, evaluation, selection, purchase) cela serait peu gérable.
Les solutions de Marketing Automation qui permettent notamment de structurer ces processus sous jacent dans le cadre de programmes et de campagnes de lead nurturing de contenus relèvent de la simplexité,une voie moyenne propre au monde du vivant, entre le simple (voir simplisme) et la complexité. Elles permettent ainsi de ne pas se perdre dans l'ensemble des cas possibles et de se concentrer sur les 4 ou 5 quadrinômes "représentatifs".
Quant aux Personas brièvement mentionnés, ils procèdent en amont de toute stratégie Inbound Marketing, d'une démarche d'abord qualitative, fine, presque empathique (sur un mode similaire à celui de l'entretien semi-directif ou en profondeur en études qualitatives). on pourrait parler en B2B à l'anglo-saxonne de Psycho-Firmographics, pendant du Psychographics et du Demographics en B2C.
Intégrer les Personas suppose de les identifier, les documenter et les rendre pertinents et opératoires. Je sais combien les "Buyer Personas" (étymologiquement le Persona est le masque en fonction des rôles que prenaient les acteurs de théâtre dans l'antiquité) sont peu pratiqués en France mais cependant forts utiles pour dépasser une compréhension et une connaissance souvent superficielles des cibles B2B.
Au delà d'informations et d'échanges d'usages, ou de quelques questionnaires de satisfactions en mode quantitatif, nombre de marketers, commerciaux demeurent en effet persuadés qu'ils connaissent leurs prospects, leur clients, je veux dire de façon élargie (enjeux, pain points, écosystème interne de prises décision prospect/client...);
Pour ceux que ça intéresse je vous renvoie sur le site ressource de Tony Zambito, expert du domaine.
Etre In/Out bound : l'All-bound Marketing
Plutôt que d'opposer Outbound Marketing et Inbound Marketing, les concilier dans un dosage fin (fine tuning) me paraît pertinent et je ne suis pas convaincu par un choix du type ou tout l'un où tout l'autre, compte tenu du peu d'agilité, de capacité, voire même de volonté de nombre d'entreprises à changer de "logiciel mental" si je puis dire.
- Il existe une inertie, des effets silos, une forme d'ignorance, un culte de l'urgence, un problème de compétences et de formation sans doute aussi (si les formateurs des formés sont eux mêmes "largués"...) ce qui ne permet que trop peu aux managers, marketers de s'informer, de se mettre à la page (je le constate souvent dans les conférences, dialogues...auxquels j'assiste).
- Par ailleurs, l'emailing utilisé en Inbound, mais plus intelligemment qu'en Outbound (merci au Permission Marketing) pour propulser des campagnes scénarisées de contenus (via Marketing automation par exemple) est bien à l'origine une technique Outbound.
- Compte tenu du temps d'évangélisation il est clair qu'un décideur marketer auquel vous parlez d'un monde connu (Outbound) pour embrayer progressivement sur l'Inbound (l'inconnu pour lui) sera plus disposé à vous écouter. C'est la raison pour laquelle on ne peut écarter par exemple le traditionnel Search Engine Marketing (SEM) dans une proposition de valeur.
- Enfin pour engager des opérations d'Inbound, il pourra être utile de faire de l'Outbound au préalable pour démarrer, ne serait - ce que pour gagner en notoriété (pour les sites, marques inconnues où qui veulent basculer dans le digital) et générer un volant de trafic initial à partir
d'une première base de fichiers (pour peu que l'entreprise n'est pas ou peu de contacts), etc
Les deux sont donc complémentaires et doivent entrer en synergie naturellement en fonction de vos objectifs, de vos budgets (à réorienter et reventiler sans doute).
Tant que les marketers ne comprendront pas que l'Inbound Marketing est une réelle démarche qui se construit avec ses divers piliers (Contenus, Médias sociaux...) et qu'elle nécessite un minimum de ressources (humaines, budgétaires à réorientées, sur la durée) , nombre de marques demeureront dans l'inertie, le statu quo, voire dans une zone ou rente de confort qui ne dit pas son nom.
Alors prêt pour le "rebound" ?
Denis Failly
[1] Call to Action
[2] MQL : Marketing Qualified Lead, SQL : Sales Marketing Lead
19:19 Écrit par Denis Henri Failly dans Content Marketing, Crm, Relation client, Inbound Marketing, Lead generation, Marketing, Medias sociaux | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : allbound marketing, inbound, inbound marketing, outbound, outbound marketing, personas, buyer personas, marketing automation, lead generation, lead nurturing, nurturing | | Facebook | | | Imprimer | |
Commentaires
Félicitation pour l'article, que j'ai trouvé très complet.
Je note toutefois par rapport a la métaphore du sport que le gagnant du marathon de Paris cette année était un spécialiste du 5000 metres, et qu'il faisait un marathon pour la premiere fois. Visiblement il a eu assez de soufle pour finir :p
Je suis assez d'accord pour dire qu'il ne fait pas cloisonner les 2 approches. D'ailleurs, la définition même de l'inbound reste vague, et certains professionnels n'hésitent pas à rentrer les campagne massive d'email comme de l'inbound, pour peu qu'ils aient travailler leur liste et qu'il l'aient bien segmenté avant l'envoi en question. Quand on lance une activité, on est bien obligé de faire aussi de l'outbond. Car l'inbound c'est bien, mais commencer de rien, et juste produire du contenu, avant qu'il soit repris et vu, que les premiers prospects arrivent, puis qu'apres travail ils signent, cela represente un laps de temps non négligeable.
Mon opinion est qu'il faut un mix des 2, adaptés en fonction des besoins de chacun, et a aligner sur ses besoins en : ROI / Temps d'aquisition / perenité.
Écrit par : Marc | 11 avril 2014
Bonjour Marc et merci pour votre commentaire
Comme disait je ne sais plus qui, nous construisons trop de murs et pas assez de ponts. et je prefère dans le marketing comme ailleurs échapper à la pensée binaire. Plutôt la conjonction que la dijonction, le ET plutôt que le OU.
Pour le reste, pédagogie et évangélisation demeurent nécessaire en partant d'abord du monde connu des décideurs...
Écrit par : Denis FAILLY | 11 avril 2014
Je viens de me réveiller avec ton article, l'esprit spongieux, et c'est pas plus mal. C'est vrai qu'on a tendance à créer parfois des barrières entre des mondes qui ont pourtant tout à apprendre et à se nourrir l'un de l'autre.
Mais comme tu le dis il s'agit de trouver le bon dosage en fonction de ses objectifs. Pour une stratégie sur la durée, l'inbound est définitivement la solution, mais pour du one shot et donner un coup de boost à des moments clés (lancement d'une activité, évènementiel), L'outbound agit comme un bon café...
...Jusqu'à ne plus ressentir ses effets.
Sur ce, je vais me prendre un café :)
Écrit par : Serge Esteves | 12 avril 2014
Article ma foi très bien écrit ! Il est clair qu'opposer "Inbound" et "Outbond" marketing est un non sens ... Encore une fois, il s'agit de savoir doser les opportunités qu'offrent l'un et l'autre, bref de trouver le bon mix marketing en somme.
Concernant le Content Marketing, quand je lis "Le marketing de contenu, un des piliers de l'Inbound marketing", je me fais la réflexion suivante : non, le content marketing n'appartient pas seulement au domaine de l'Inbound.
Bien au contraire, le content marketing participe tout autant à la conversion dans une stratégie d'Outbound quand dans l'Inbound. Ainsi utiliser son contenu comme Call to action via des bannières, clicks et emailings sponsorisés est une garantie de génération de leads rapide et de qualité acceptable.
Écrit par : Jeremy ( Limber Content Marketing ) | 14 avril 2014
Bonjour et Merci Jeremy de ces rappels, et qui dit "un des piliers" ne veut pas dire Le pilier exclusif.
Écrit par : Denis Failly | 14 avril 2014
Les commentaires sont fermés.