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04 mars 2007

Edgar Morin - Intelligence de la complexité

J'étais ce Vendredi invité au petit déjeuner organisé par Armand Braun de la Société Internationale des Conseillers de Synthèse (SICS) pour la sortie d de l'ouvrage "Intelligence de la Complexité" dans le cadre du Colloque de Cerisy de 2005.

"C’est à un véritable mouvement de la pensée qu’Edgar Morin nous invite aujourd'hui : alors qu’un savoir fragmentaire et dispersé nous rend de plus en plus aveugles à nos problèmes fondamentaux, l’intelligence de la complexité devient un besoin vital pour nos personnes, nos cultures, nos sociétés" je rajouterai que ceci est impérieusement valable aussi pour le marketing, le management et disciplines connexes.

J'ai retrouvé quelques visages familliers de l'association pour la pensée complexe  (astrophysiciens, mathématiciens, épistémologues...) et j'ai eu le grand bonheur de rencontrer et m'entretenir avec Edgar Morin  qu'on ne présente plus (enfin pour les ignares voir ici)

medium_faillymorin.jpg

Autour de Edgar Morin nous avons retrouvé Jean Louis Lemoigne (voir mon interview) et Edith Heurgon  tous 3 intervenants que vous pouvez retrouver dans les vidéos qui suivent :

Edgar Morin - Sur l'émergence de la complexité - vidéo 1 


 
 
Edgar Morin - Sur l'émergence de la complexité - vidéo 2



 
Jean Louis Le Moigne - Introduction à l'ouvrage et à la démarche


Jean Louis Le Moigne est Président du Programme européen Modélisation de la CompleXité -MCX, Professeur émérite de l'université d'Aix Marseille il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles et l'un de représentants majeurs du courant constructiviste et de l'épistémologie associée

Edith Heurgon - Introduction à l'ouvrage et au Colloque de Cerisy



*Edith Heurgon est Docteur en mathématiques, ancienne responsable de La Prospective à la RATP, co-directrice de la collection "Prospective du présent" des Editions de l'aube et co-directrice du Centre international de Cerisy où elle organise chaque année depuis 1999 un colloque de Prospective

16:50 Écrit par Denis Henri Failly dans Livre, Marketing, Prospective, Science | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : complexité, edgar morin, jean louis le moigne, épistémologie | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

11 décembre 2006

RELIANCE DES CONNAISSANCES ET DES ACTIONS

Nous étions présent au débat du 30 Novembre : RELIANCES DES CONNAISSANCES ET DES ACTIONS : TISSAGE, TEXTURE, ENTRELACS organisé par le Réseau Intelligence de la complexité (RIC)

Les contributions proposées:
  • "L'Etoffe Informationnelle de l'Énergie" par André de Peretti, Spécialiste de la formation et chercheur en pédagogie
  • "La Reliance du système observant et du système observé" par Robert Delorme, Economiste et enseignant
  • "L'esprit de reliance active l'organisation de la connaissance" par Edgar Morin

Luc Legay qui était présent aussi sur l'èvènement à filmé les interventions qui étaient intéressantes mais compte tenu de l'espace imparti ici et de quelques problèmes de sonorisation je ne vous livre que les interventions dont j'ai monté les vidéos.

J'ai eu l'occasion de rencontrer Edgar Morin ce jour là qui devrait normalement m'accorder une interview prochainement à paraître sur la bibliothèque NextModerne

Une brève introduction  de Jean Louis Le Moigne



L'esprit de reliance active l'organisation de la connaissance par Edgar Morin
(le son est peut être un peu faiblard, n'hésitez pas à faire une écoute au casque) 



Voici le texte d'Edgar Morin extrait de l'éditorial de l'Interlettre Chemain Faisant n°35 et qui introduit la conférence :

"Que de complexité pour une « simple » perception, pour une « simple » idée ! Quelle conjonction fabuleuse de conditions physiques, électriques, chimiques, neuronales, cérébrales,computantes, cogitantes, spirituelle, linguistique, culturelle, sociale pour que se constitue et se perpétue un « simple » savoir ! Quelle multiplicité de formes combinatoires, associées, complémentaires,antagonistes, depuis la représentation jusqu'au discours, au mythe, à la théorie ! Si la connaissance existe, c'est qu'elle est organisationnellement complexe. C'est cette organisation complexe, à la fois fermée et ouverte, dépendante et autonome, qui peut construire destraductions à partir d'une réalité sans langage. C'est cette complexité organisationnelle qui porte en elle les plus grandes aptitudes cognitives et les risques ininterrompus et multiples de dégradation de ces aptitudes, c'est-à-dire les possibilités inouïes et les fragilités insensées de la connaissance humaine.
La reconnaissance de cette complexité ne requiert pas seulement l'attention aux complications, aux enchevêtrements, aux inter-rétroactions, aux aléas qui tissent le phénomène même de la connaissance ; elle requiert plus encore que le sens des interdépendances et de la multidimensionalité du phénomène cognitif, et plus encore que l'affrontement des paradoxes et antinomies qui se présentent à la connaissance de ce phénomène.
Elle requiert le recours à une pensée complexe qui puisse traiter l'interdépendance, la multidimensionalité et le paradoxe.
Autrement dit, la complexité n'est pas seulement le problème de l'objet de connaissance ; c'est aussi le problème de la méthode de connaissance nécessaire à cet objet.
Cela nécessite la formation, la formulation et le plein emploi d'une pensée à la fois dialogique, récursive et hologramatique
Toute connaissance acquise sur la connaissance devient un moyen de connaissance éclairant la connaissance qui a permis de l'acquérir. Nous pouvons alors ajouter une voie de retour au sens unique épistémologie-science, et effectuer des passages d'un niveau de connaissance à l'autre et vice versa.
Nous pouvons du même coup envisager un développement transformateur où la connaissance élaborante essaie de se connaître à partir de la connaissance qu'elle élabore, et qui lui devient ainsi collaborante. Ainsi, les connaissances portant sur l'esprit/cerveau sont des connaissances aptes à éclairer la production et l'organisation de la connaissance des esprits/cerveaux qui se vouent à l'étude de l'esprit/cerveau.
Dès lors, nous pouvons amorcer le dialogue trinitaire entre la connaissance réflexive (dimension épistémologique), la connaissance empirique liée à la pratique (dimension pragmatique), la connaissance de la valeur de la connaissance (dimension éthique) pour constituer la boucle, toujours réalimentée en connaissances et réflexions, de la connaissance de la connaissance Ainsi la connaissance de la connaissance requiert une pensée complexe, laquelle requiert nécessairement la connaissance de la connaissance. : Action, Science et Conscience passant sans arrêt l'une dans l'autre. C'est au coeur du problème de la connaissance que l'auto-génération d'une méthode apte à penser la complexité peut accomplir cette étape décisive." - Edgar MORIN -

 

18:00 Écrit par Denis Henri Failly dans Prospective, Science | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : reliance, complexité, edgar morin | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

07 septembre 2006

De l'usage de la métaphore pour penser la connaissance client

Une de mes premiers articles publié en juillet 2003 sur Neteconomie

Sommaire

I - Introduction : du sens de la métaphore
II - Le chaos qui met k.o.
III - Le cantique du quantique
IV - Théorie des catastrophes : La rupture à consommer
V - Perspectives





I - Introduction : du sens de la métaphore

Pensée complexe, transversalités, approche organique et cellulaire des organisations et des processus, postmodernité…, sont les constituants d’une « épistémè » qui peut nous éclairer sur les changements de paradigmes qu’appelle la navigation en environnement incertain.

Pour les boussoles de l’entreprise (décideurs, prospectivistes, Responsables d’études…) ces approches à priori plus « spirituelles » qu’applicatives peuvent être des aides à la réflexion, à la distanciation parfois, des amortisseurs de rupture, des catalyseurs d’anticipation.
L’ hyper - information, l’interactivité, le changement permanent au sein des structures, des processus, des acteurs, des rapports à l’autre et au monde rappellent, nous semble t-il, l’impérieuse nécessité de faire émerger du sens, de l’intelligence, de l’audace dans nos analyses, nos recommandations, nos actions, en un mot : nos pratiques.

La Métaphore - une sorte de « benchmarking » qui s’écoute rai(ré)sonner) inspirée des théories scientifiques peut - être une aide riche d’enseignements pour « penser la pensée complexe », sortir des raisonnements binaires et linéaires et peut-être aussi d’un certain déterminisme parfois obtus car dogmatique :

il s’agit de donner et se donner matière à penser.

Comprendre les contours, cerner les images projetées, pour établir des parallèles entre les représentations propre à des univers « à priori » différents (imaginaire de l’homme de sciences / imaginaire de l’homme de marketing) me paraît fructueux.
Evidemment il ne s’agit pas d’en user avec excès, ni d’en tirer des conclusions hâtives et définitives.

En nous limitant aux domaines des études marketing et de la connaissance client qui sont les nôtres, nous prendrons trois exemples partiels, théorie du chaos, physique quantique et théorie des catastrophes, qui d’ailleurs se rejoignent sur certains points de l’exercice métaphorique.
Au final ce rapide balayage nous amènera à relativiser certains discours et pratiques dans le domaine de la connaissance client et à tenter de les re-situer dans la perspective plus globale de la post-modernité dont les contenus et les contours influent sur les perceptions, les comportements et leur mesure.



II - Le chaos qui met k.o.

Un système chaotique est un système complexe, fonction de multiples paramètres et dont la singularité est d’être très sensible aux conditions initiales de sa gestation ou de son expression.


La sensibilité critique aux conditions initiales

Une cause très petite, imperceptible, une sensibilité aux conditions initiales (perturbations, variation infime d’un paramètre) peut perturber, voire sur - amplifier un phénomène et le modifier complètement.

L’image poétique, vulgarisatrice et largement médiatisée de « l’effet papillon » nous vient dés lors, à l’esprit.
Dans le domaine du marketing et des études on peut aisément appliquer ce regard métaphorique.
En effet du côté de celui qui mesure ou participe à la mesure (l’observateur, Responsable d’études, enquêteur) d’un phénomène, d’un comportement, il existe des risques de biais que les spécialistes connaissent bien et que nous ne détaillerons pas ici.
Ces biais potentiels sont susceptibles, comme par réaction en chaîne, de limiter la validité interne d’une étude (effet de halo, effet d’ordre, effet de contamination…induits par les questionnaires par exemple).
De plus, les conditions de l’Etude, la disposition d’esprit et d’expression de celui qui questionne et du répondant au moment de la rencontre, de l’interaction (humaine ou artificielle via les technologies), influencent inexorablement même subrepticement, l’orientation de la mesure à toutes les phases (collecte, traitement, analyse, résultats).
C’est donc le « subrepticement », l’imprévu, le non maitrisé ou non maîtrisable, qui peut tout changer et qui s’apparente à la condition initiale de l’effet papillon.

Un effet qui peut mettre K.O. (par le chaos) la moindre prévision.

papillon.jpg




Maintenant du côté de l’Observé, outre les effets pré - cités, on peut facilement envisager des « effets papillons » dans des situations courantes de relations, de fréquentations, de consommations, de transactions, générant par exemple des effets d’expériences, de perceptions positives ou négatives (polarités) et donc des réactions idoines (mauvaise image perçue entrainant zapping, infidélité…).
Ces réactions peuvent être (sur)-amplifiées selon la qualité de l’interaction vécue (qualité de la relation avec un vendeur, une hot line ou tout autre service prétendant être orienté client…).

Cette première analogie nous rappelle combien l’individu ou groupes d’individus (segments) que l’on étiquette par réductionnisme, sous le vocable de « consommateurs », « clients », « internautes », « mobinautes »…est avant tout un système dynamique, multiple, changeant, imprévisible, en interaction constante, qui façonne le monde et est façonné par lui en retour.
L’homo sapiens est à la fois sapiens, oeconomicus, ludens (joueur), reticulus (réseau, relation), zappens (volatile)
La mesure de la sensibilité du client, son état, sa « vibration » que nous désignons par comportements, attitudes…est bien fonction de la sensibilité de la mesure.



III - Le cantique du quantique

La métaphore inspirée de la physique quantique nous paraît aussi intéressante que la précédente pour rappeler la difficulté à saisir l’individu « conso - acteur »
L’approche situationniste (moments, temps de vie et de consommation par exemple) permet déjà de sortir de la vision statique et réductrice de l’individu socio - démographiquement défini, vision souvent encore utilisée comme unique donnée de connaissance par nombre de « Marketers », de Responsables d’études et d’Analystes de Bases de Données.
Il est bien évident que la logique économique intervient (rentabilité / coûts d’étude) dans la dualité quantitative / qualitative.


Physique quantique et connaissance client

Les échanges d’énergie entre lumière et matière ne sont possible que par paquets discontinus, appelés : quanta

En général la connaissance clients (profils, comportements….) n’est possible que par un processus du type collecte, traitement, analyse.
Une mise en relation minimale directe ou indirecte est nécessaire, entre l’Observateur et l’Observé.
Elle correspond, soit à l’énergie engagée pour créer la rencontre entre le Chargé d’études et les individus étudiés qui vont révéler leur « vérité » perçue / vécue, soit à l’énergie investie entre individu et émetteur d’origine (entreprise commanditaire de l’étude par exemple).
Cette relation existe par les échanges, les flux relationnels, transactionnels, informationnels entre l’entreprise, la marque, le site Web…qui donnent matière et raison d’être à l’étude.
Dans le cas présent, c’est le caractère discontinu de ces « paquets relationnels » qui fonde la métaphore.
Puisque il est matériellement impossible d’effectuer une mesure réelle et permanente, si ce n’est à l’instant t (éventuellement renouvelée aux instants t+n, cf. panels…), de ce qu’est le client dans toutes ses dimensions intéressant le marketing (comportements, attitudes, opinions, relations, réseaux…) on est obligé de le figer
dans l’instant de la mesure, avec la simplification, la réduction que cela impose.


La dualité onde - particule

La physique classique considère d’un côté les ondes de l’autre les corpuscules (images des billes pour les particules), la physique quantique conçoit la co-existence onde / corpuscules (logique du ET).

On rejoint ici le point précédent en l’approfondissant, en effet chaque individu est porteur à un moment donnée (t) de ce que je qualifierai de spectre identitaire et comportementale, à savoir un ensemble de données lié à :

-son profil socio - démographique,
-ses attitudes, opinions, motivations, perceptions…relatives aux Marques, Entreprises, produits / services, etc,
-ses comportements d’achats, ré - achats, fidélité, infidélité,
-ses moments de vie et ses contextes de consommation…

Ce spectre est naturellement très mouvant, même si le profil classique (socio-démographique) est relativement statique à moyen et long terme.
Tout ce qui relève de la perception et donc du rendu de cette perception est très instable et changeant parfois à très court terme (on retrouve l’ « effet papillon » potentiel cité plus haut).
Par analogie avec l’espace quantique, l’individu se retrouverait donc dans un espace flou et probabiliste, sorte de plasma, appréhendable sur certaines singularités à un certain moment (les données classiques à l’instant de la mesure du Chargé d’Etude) mais insaisissable dans sa totalité, son « énergie », sa « fréquence » réelle.

Il n’est rien de plus constant que le changement

Les comportements individuels sont aussi sujets à interrogations pour l’analyse, du fait :
- du caractère parfois simultané, superposé des comportements selon une logique du ET par opposition au OU
binaire.
- une tendance au paradoxe dont s’accommode très bien notre sujet et que l’on peut trouver par exemple dans
les différences constatées entre le déclaratif (dans une enquête, un questionnaire auto - administré) et le«constaté » (actions réelles).

Hors aujourd’hui toute la difficulté n’est-elle pas d’appréhender le sujet dans sa complexité, son caractère multi - dimensionnel.
A l’instar d’une particule qui change de niveau d’énergie (superposition dynamique de mouvements potentiels) le consommateur saute donc d’un espace à un autre (espace de choix, d’offres, d’attitudes, de transactions, de fréquentations, d’achats…), ces sauts s’expriment notamment par des comportements d’abandon, d’Infidélité, de zapping…qu’essaient justement d’endiguer les acteurs marketing.

quanti.2.jpg



Qu’il soit prospect, client fidèle ou occasionnel, notre client est avant tout humain, il attend donc en retour des offres, des messages, des discours de marques qui parlent à toutes ses dimensions (statut, moments, perceptions…).
Il nous faut peut-être passer de l’USP (Unique Selling Proposition) des publicitaires à la MSP (« Multi - selling proposition), capable de faire du « selling » en « global », « cross », « up » et pourquoi pas « down » si cela correspond à l’attente « justement » dimensionnée du client.


La non séparabilité

Deux particules émises dans deux directions opposées et quel que soit leur distance demeurent en corrélation à travers l’espace - temps comme si elles demeuraient indissociables, jumelles malgré la distance (cf. Einstein, Podolky, Rosen puis Alain Aspect).

Appliqué à notre sujet ce principe pourrait correspondre à un effet d‘histoire.
En effet un individu (prospect, client) qui a interagit (relation, transaction) dans le passé avec un émetteur (entreprise, marque, produit, service) forme un tout inséparable, c’est la vision expérientielle de la relation.
Il est amusant de penser que si la non séparabilité s’appliquait réellement aux êtres humains qui sont constitués de particules, cela signifierait que nous pourrions être ubiquistes, ici et ailleurs en même temps, appréhender l’individu serait encore plus inimaginable.


Principe de superposition

Un état quantique décrit une particule qui peut être présente sur des niveaux d’énergies différents.

Si on assimile par métaphore la particule à l’individu, on est incapable de le localiser, il se situe quelque part dans une sorte de « no man’s land » flou, indéterminé.


Principe d’indétermination ou d’incertitude (cf. Heisenberg)

Si l'on connaît parfaitement la position d'une particule, on ne peut en connaître la vitesse et inversement.
Sur de très courtes durées l'incertitude sur la mesure de l'énergie est très grande, c'est-à-dire que l'énergie peut fluctuer considérablement sur de très courtes durées.
Cela implique que le comportement de la matière à l'échelle de l'infiniment petit n'est pas déterminé ou prévisible.
Les mesures que l'on peut effectuer sur la vitesse et la position de particules sub-atomiques expriment, non pas des certitudes, mais seulement des probabilités.

quantique.jpg



Connaître le profil d’un individu au moment de la mesure ne nous donne pas d’informations sur sa mobilité, sa dynamique voire sa « malléabilité » comportementale, attitudinale…sa pré - disposition au changement à très court terme.

Enfin de façon plus classique et pour relativiser n’oublions pas que le regard, l’analyse de l’Observateur, du Chargé d’Etudes (sa lumière !) interagit, tel le photon avec l’électron, avec l’objet, sujet de son étude, et par la même le modifie.
La moindre mesure interfère avec l'objet de la mesure et…le change.



IV - Théorie des catastrophes : La rupture à consommer

Le mot catastrophe doit être envisagé ici au sens de son étymologie grec « Katastrophê » c'est – à dire « bouleversement » changement brusque et non prévu
Il s’agit plus d’une démarche, d’une méthode pour rendre plus intelligible, via la métaphore par exemple, des situations ou des systèmes complexes.
Différents modèles de comportements ont été proposé : pli, fronce, queue d’aronde, papillon.
La catastrophe, au sens pré – défini, se produit lorsqu’on passe d’un état d’équilibre stable donné, à un nouvel état stable différent, naturellement cet équilibre peut - être relative et fragile.

Le client dans toutes ses composantes (actions, perceptions…) pourrait ainsi être envisagé comme un champ informationnel, protéiforme.
Les actions, flux, stimuli…dont se nourrit le client, via un émetteur (campagne marketing / communication des marques par exemple), ou un observateur (Chargé d’Etudes…) et qu’il nourrit en retour (interactions) déterminent, une figure topologique au travers de la quelle le client va se mouvoir à partir d’une situation initiale (instant 0 de l’observation ou de la réception du stimulus émetteur) considérée comme un point d’équilibre.
Partant de là, une trajectoire multi – modale s’offre au client qui peut « naviguer » selon son état du moment (réceptivité de l’instant, perceptions, expériences passées d’une marque, d’un produit, d’un point de vente..) ou selon que sa démarche est exploratoire (achat spontané, ou prise d’informations) ou confirmatoire (achat réfléchi).
Le choix d’une trajectoire (modalité comportementale) entraîne une catastrophe (au sens défini plus haut), c'est-à-dire la rupture de l’équilibre initial (symbolisée par la fronce par exemple dans l’un des modèles de la théorie des catastrophes de R. THOM).
Les modalités de choix, traduites en comportements et donc en trajectoires déterminent ainsi un espace des possibles (achat – non achat, fidélité - infidélité,…).

catastro.3.jpg



V - Perspectives


Modèles d’analyse

Le statut « quantique » de l’entité individu - client, l’évolution chaotique, imprévisible, de ses comportements et perceptions qui nous révèlent sa réalité subjective posent questions sur la valeur « d’avant-vente » des données et de la connaissance client. On peut souligner à cet égard :

- le caractère très contextuel, subjectif de certaines données (évènements et faits générateurs de la donnée)
- la dépendance entre variables et évènements dans le monde réel par opposition à certains principes
statistiques et probabilistes (postulat d’indépendance)
- le déterminisme de certains modèles statistiques dont la fixation des règles fait forcément l’objet d’un parti pris,
ne signe t-il pas la faible pertinence, si ce n’est le caractère très relatif de certaines pratiques et applications ?
- l’interrogation sur la justesse, la volatilité, la durée de vie de la donnée


Base de données

La base de données clients idéale devrait pouvoir intégrer une vision multi - temporelle du couple données - études (celles qui sont extraites des bases) et se structurer selon :

- le temps long des études lourdes (6 mois un an),
- le temps médian de la gestion de la base de données (heures, jours, semaines)
- le temps court voir très court du réel observable mais…peu observé car matériellement inobservable : « le vif du sujet »


Gestion de la relation client (GRC / CRM)

Quant à la GRC, il peut sembler étonnant lorsque l’on consulte certains ouvrages, lorsque l’on assiste à certaines conférences, voire même aux rares formations (formations initiales) existantes, d’entendre les mêmes discours stéréotypés, très formatés, uniformes sur la GRC et de notre point de vue, dénués de toute approche qualitative, affective, humanisante…distanciée.


Quid de la relation proprement dite ?

En réalité Enseignants ou Experts nous parlent, plus souvent de la gestion de la donnée client que de la relation client et quand bien même la composante relation est abordée, elle relève bien souvent des outils et des technologies (Call Center, Base de données, Système d’Informations…)
Hors la multi - dimensionnalité du client évoquée plus haut se perçoit, se conçoit, dans un rapport véritablement bilatéral, « affectio personae », empathique entre l’entreprise et son client.
Certains d’entre nous ont certainement déjà reçu des appels téléphoniques d’opérateurs de services dont l’interlocuteur se présente comme « votre » conseiller (délocalisé dans un Call Center indépendant de l’opérateur et que vous ne connaissez d’ailleurs pas).
Dans une longue litanie récitatif digne d’un bon petit soldat robot, ledit conseiller vous débite alors son discours, lu son écran d’ordinateur, sans vous laisser en placer une, productivité oblige !
Mais entre deux extrêmes, la causerie au coin du feu et le discours formaté, plaqué sur du vivant (pour reprendre le mot de Bergson sur le rire) il y a certainement un juste milieu,…un peu d’authenticité !


Du B to C au H to H

La substance d’une relation se définie aussi par son contenu, un supplément d’âme derrière lequel doit savoir s’effacer le « média ».
En quête de sens, à la vérité que révèle le client doit correspondre la vérité de celui qui le sollicite.
Savoir - faire, savoir – être, doivent pouvoir se conjuguer dans une subtile alchimie non pas pour vendre ou collecter toujours plus des données, mais pour vendre ou nourrir sa connaissance client toujours mieux et juste.
Revenir aux fondamentaux en faisant du B to C par du H to H (human to human) n’est pas une régression en soi.


Management et culture interne

A un niveau plus global, et pour l’avoir observé, il est clair que certaines organisations, certains collaborateurs restent ancrés dans une mono - culture métier « quasi - mécaniste », par trop de spécialisation elle entretient malheureusement une « inculture » organique.
Dés lors la vision transverse, « hologramique » (la partie à conscience du tout et inversement), sensible…d’un projet, d’une problématique, d’une connaissance (client par exemple) leur échappe.


Modernité / Post modernité

Par une sorte de saturation de la projection dans l’avenir et des promesses illusoires (dans tous les domaines) notre sujet avant d’être client surfe dans tout les domaines de la vie sur des vagues par nature mouvantes,
Ces formes éphémères, se construisent et se déconstruisent en permanence (espaces d’échanges, de relations, de transactions, de mobilité…).
Une analogie avec la « physique des fluides » (par opposition à une physique des solides) nous suggèrerait une vision d’écoulement de tourbillons, de flux et de reflux, de mélanges, de bifurcations aléatoires.
On ne peut plus, comme le pratique la pensée Moderne (rationalisme notamment), analyser l’individu sans l’englober dans son agrégat d’appartenance (communauté, tribu, liens, micro - solidarités, …).
L’individu ne vaut dés lors, que par cette appartenance qui fait sens dans et par une vision globalisante.
Ce que saisit l’Analyste Chargé d’Etudes de l’individu n’est que la partie émergée, superficielle de l’être, un point de cristallisation d’un magma comportemental, sociologique, psychologique.
Hors le sujet se meut dans ce que nous nommerons un bassin de forme, mouvant par définition, et où co-existent flux et reflux, vagues et courants contradictoires, éphémères.
Les jeunes générations sont d’ailleurs de ce point de vue, exemplaires.

En effet, l’opportunisme dans l’action (consumériste ou non), l’effet d’histoire immédiat et éphémère dans les relations, l’effervescence de l’être aspiré dans le collectif (Rave - party, manifestations, concerts…) est symptomatique.
Certains jeunes semblent aménager, construire, voire « bricoler » par, pour et dans le quotidien (par opposition aux utopies et grandes idéologies séculaires) leur propre « vivre - ensemble ».
Par bouffées émotionnelles, au gré des évènements, les individus se créent des « Legos » idéologiques d’appoint, prétextes aux liens, à l’agrégation communautaire.

Les technologies de l’information, la pratique de l’hyper-navigation, le virtuel, la possible réalisation du « anywhere, anything, anytime », renforce le phénomène et favorisent un imaginaire, une pensée et des comportements pétris de « Carpe diem », « d’ici et maintenant » où se croisent des champs d’attraction – répulsion et se propage une communion de l’instant…éphémère.

A la suite de Sociologues, tel Edgar MORIN, ou Michel MAFFESOLI, dont la pensée et les écrits nous inspirent, nous pensons que les pratiques linéaires, binaires, cartésiennes, déterministes, analytiques (dont s’alimentent la connaissance client), par habitude, réflexe, « formatage » lié à l’éducation, ne sont plus en phase avec les réalités de la Post-modernité et de la Complexité
Naturellement cette remarque concerne moult domaines et le temps est peut - être venu de promouvoir une « Ecologie de l’esprit » propre à (re)modeler, orienter les Savoirs -faire et Savoirs -être pour et par l’humain.

Denis Failly 

15:10 Écrit par Denis Henri Failly dans Marketing | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : chaos, complexité, quantique, crm, marketing | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

21 février 2006

La bibliothèque NextModerne, Episode 1

Dans le cadre de nos interviews d'auteurs NextModernes, j'avais interviewé Alain lefebvre, à propos de son ouvrage Les réseaux sociaux - Pivot de l'Internet 2.0 , le fondateur du réseau 6nergies a souhaité à son tour m'interviewé à propos de la bibliothèque NextModerne sur son blog les reseaux sociaux , j'ai reproduit ici la teneur de l'entretien.

Alain Lefebvre - pourquoi ce site ?

Denis Failly -
A l’origine, la démarche était un peu personnelle, j’ai souvent été frustré de ne pouvoir faire partager à mes amis, mes lectures dans des domaines aussi variées que les Sciences, la Sociologie, le Marketing ou l’univers des Technologies.
Par ailleurs au vu du caractère étonnement spécialisé, cloisonné et parfois claironné de certains discours et certaines pratiques dans mon métier par exemple (le marketing et les Etudes) j’ai voulu signifier ma conception du Marketer - Etudes que j’essaie d’être.

En bref celui là même (le marketer) qui prétendrait saisir le client, le marché, les acteurs dans leur multi-dimensionnalité, doit être lui même “multiple”, transversal, avec des yeux, des oreilles branchées sur le réel d’une part et sur ce que font d’autres dans des domaines à priori différents (sociologie, sciences,etc) mais pas tant que cela puisque nous parlons de l’humain.
Plus globalement dans mon fonctionnement intellectuel je ne suis pas homme de cloisonnement, d’ordre intangible et de dogmatisme, j’aspire au chevauchement, à l’hybridation, au métissage des idées, d’où la variété de domaines , d’ouvrages et d’auteurs (non exhaustif évidemment) dans cette bibliothèque NextModerne.

Certains auteurs comme Edgar Morin, Michel Maffesoli, Jean Louis Lemoigne ont influencé et contribué à modeler ma forme d’esprit et mon rapport au monde. Tous nous disent (et nous le constatons) que les pratiques linéaires, binaires, cartésiennes, déterministes, analytiques par habitude, réflexe, « formatage » lié à l’éducation, au confort de l’inertie ou à l’ignorance (qui s’ignore ou entretenue) ne sont plus en phase avec les réalités de la prochaine modernité qui germe. Les stratégies, les outils, les méthodes, voire les concepts, qui émergeront devront s’alimenter d’une culture de la complexité que peu appréhendent aujourd’hui à commencer par nos élites et pour être clair une certaine intelligentsia plus gesticulatrice et médiatique, que fondatrice d’une pensée ou d’une réflexion nouvelle.


Alain Lefebvre - quel est l’objectif recherché par ce blog ?

Denis Failly - Il s’est avéré que cette envie de partager des ouvrages plus ou moins connus, plus ou moins récents est entrée en résonnance avec Yves Duron, avec qui je travaille chez NextModernity et avec lequel nous souhaitons promouvoir la notion de NextModernité.
Qu’on la qualifie de Post, Hyper ou autre, elle se veut une vision du Complexe et du systèmique où s’interpénétrent les sphères “bio noos, socio, cogno, anthropo…”.
Bref elle suppose une élasticité d’esprit, un goût pour la vision transverse et métaphorique qui s’acquiert non seulement dans des écrits (la bibliothèque) mais naturellement aussi dans la confrontation au réel (l’observation, le vécu et le ressenti) que ce soit dans nos vies privéesou dans nos (recommandations /actions) chez NextModernity.
La NextModernité ne se veut donc pas un concept ou pseudo concept révolutionnaire ou fumeux mais plutôt une interpellation via des démarches et des outils opérationnels.


Alain Lefebvre - comment sélectionnez-vous les titres mis en avant ?

Denis Failly - Je parle naturellement en mon nom mais les titres sont choisies de multiples façons, parmi lesquelles

  • leur caractère fondateur, incontournable ou fondamental à notre sens (exemple le Macroscope de de Rosnay, les volumes de la Méthode d’Edgar Morin…),
  • leur caractère alternatif ou hors des sentiers battus à l’époque de leur sortie (Alternatives Marketing de Bernard Cova…),
  • l’explicitation d’un domaine qui nous intéresse : Complexité, Chaos, Systèmique, Creatifs Culturels, Développement…,
  • les ouvrages qui nous parlent de l’écosystème Homme-Nature et du “retour de l’humain” en interaction avec son environnement (”Le livre de l’essentiel”, “80 Hommes pour changer le monde”, “l’économique et le vivant, “Graine de possible”, …),
  • certains Rapports d’intérêts et référencés “sous le même toit” peuvent aussi trouver leur place (par exemple, le rapport de l’Unesco sur la Société du savoir),
  • enfin certaines connaissances plus personnelles ont pu ici ou là voir leurs ouvrages présentés

bref tout ouvrage qui nous permets de réfléchir, de penser le complexe et interpelle l’intelligence collective ou interrogent les consciences individuelles a sa place ici, (à vous d’interpréter le genre d’ouvrage qui n’a pas sa place ici !).


Alain Lefebvre - en quoi ces livres sont-ils significatifs d’une évolution en profondeur de notre utilisation de l’Internet ?

Denis Failly -
A l’age de la connaissance, à l’heure du “anything anywhere anytime” (ou presque), des réseaux pervasifs… les modes de représentations, de conception et de vécu de l’espace et du temps changent.
Nous sommes dans des sociétés liquides, de continuum, de glisse ou tout se meut et change et crée des émergences, des formes d’actions, d’Etre et du Connaître, nouvelles ou à inventer et il me semble que ces ouvrages (ils y en a tant d’autres…) entre-ouvrent quelques portes, donnent quelques clés pour comprendre et pour essayer d’anticiper (pas facile…) mais surtout ils nous invitent à faire le tri selectif dans plus de deux cents ans de Cartésiannisme et de positivisme Comtien.

11:25 Écrit par Denis Henri Failly dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Prospective, denis, failly, prospsective, complexite, nextmodernity, nextmoderne, km, knowledge | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

16 décembre 2005

La prochaine modernité

Sentez - vous autour de vous, ce magma de changements parfois éclatants, parfois souterrains, non structurés mais qui parcourent la société cependant, dans une sorte de convergence que l'on déduit par rapprochement, analogie, recoupements subtiles voire audacieux (?)


Des turbulences sociales du monde "réel", au discours du dernier Marketing Magazine (voir le sommaire) en passant par la "bloghorée" et la prose 2.0 dans les dernières enceintes à la mode, il est clair qu'il se passe quelque chose...
Il est vrai aussi que ce regard "mutant" qui concerne toutes les bulles (socio, bio, noos...) devient d'autant plus complexe qu'il doit être, nous semble t-il, simultané, "massivement parallèle", transversal sur l'ensemble de ces sphères et fertilisant.

Personnellement en toute humilité (avec un minimum d'Ego tout de même) nous tentons de nous appliquer à nous même une "écologie de l'esprit", sorte d'hygiène mentale qui consiste aussi à :

- Désapprendre certains construits, modèles, shèmes de pensée hérités de la Modernité
- Réapprendre l'humain ("humanitude", transhumanisme) que nous sommes et que nous avons quittés depuis les animaux "machines" et la pensée analytique trop "méthodiquement" formulée par Descartes.
- Penser la pensée Complexe (Complectere = tisser, lasser ensemble) , penser métis, hybride et Multiple ("multidimensionnel", "multi-versel"...).
- Visualiser non plus des horizons plats, linéaires ou simplement curvilignes mais voir en terme de spirale, d'émergences, d'inflexions, de co-évolutions, qui ne nient pas pour autant le passé mais le réactualisent, le réapproprient autrement.

Il s'agit sans dogmatisme aucun, d'essayer de mettre en regard deux "ères",

- l'une moderne (qui débute après le moyen âge, intégre les lumières, la pensée de Descartes, le positivisme d'Auguste Comte et les révolutions industrielles pour shématiser).
Nous nous en extirpons comme de la glue et non sans peine.

- l'autre à venir, Néo, post ou hyper (chacun la qualifiera comme il l'entend)
Pour certain la prochaine modernité a déjà commencé et pour d'autres elle n'a exprimée jusqu'à présent que des prémisses sous forme de signaux plus ou moins forts,...en un mot nous n'avons encore rien vu.

Quelque soit l'analyse que l'on peut avoir sur ces mutations on peut dire que pour s'y préparer et les intégrer
deux possibilités s'offrent à nous :

- Opter pour la rupture, le "saut quantique" mais nous ne connaissons actuellement que des "bouffées émotionnelles" qui même si elles peuvent trainer en longueur ou être fortes en évènements, émotions, etc, restent malgré tout évanescentes ou s'apaisent jusqu'à la prochaine irruption.
Bref la thèse du grand soir me paraît illusoire ou alors ce sera tout ou rien et ça fera très très mal....!

- Opter pour la transition douce, saisir les signaux, se les approprier graduellement en les laissant aussi s'épanouir pour détecter la tendance lourde et entrer en résonnance avec eux.


Dans le cadre de notre activité de Consultant au sein de NEXTMODERNITY nous avons tenté via le tableau en téléchargement ci -dessous, de souligner sur une quinzaine de thèmes (non exhaustifs) les oppositions, transitions, nouveaux paradigmes en émergence.


18:20 Écrit par Denis Henri Failly dans Marketing | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Prospective, complexité, prospective, marketing, sociologie, hypermodernité, postmodernité | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |