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21 mars 2007

Le principe de segmentation marketing à t-il encore un sens ?

Publié sur le Journal du Management le 27 juillet 2005

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Du macroscosme au « mésocosme » client

A l’instar de la physique qui par changement d’échelle ajuste sa focale, du regard « Macro » (le macroscope, le visible ) au « micro » (l’invisible, au cœur du noyau atomique) la segmentation marketing suit un processus métaphoriquement comparable. Il s’agit de découper son marché, sa population de client pour descendre du global au local.
Le graal, la particule élémentaire du Marketer serait de pouvoir décortiquer chaque individu – client (profil, actions, intentions…) pour agir en réel mode One to One. Devant l’impossibilité matérielle et financièrement non rentable d’une telle démarche, sur des volumes de plus en plus énormes de clients, la limite plancher d’aggrégation est bien souvent le segment (niveau intermédiaire « méso » qui serait à l’image du regard au niveau moléculaire du scientifique).
Identifiable, manipulable, exploitable (nécessité d’un minimum d’individus par segments) la segmentation permet ainsi de créer des répartitions, des groupes d’individus de telle manière que les unités au sein d’un même groupe soient les plus semblables (homogénëité intra) entre elles et les plus dissemblables d’un groupe à l’autre (hétérogénëité inter).
A partir de ce principe de base, moult méthodes intégrées dans des applications Crm et Datamining permettent via la statistique classique ou des algorythmes plus avancés (application Crm et Datamining…) de « partitionner » ses clients.


Divisez sans relier n’est pas connaître

La pratique de la segmentation nous rappelle étrangement un des principes de la rhétorique cartésienne pour laquelle l’analyse (du grec analusis = décomposition, la lyse en biochimie = coupure, séparation) consiste à découper l’objet d’étude en autant de parties élementaires séparées les unes des autres pour avoir connaîssance du tout.
On constate déjà dans ce principe la volonté de disjoindre et de cloisonner (non transversalité).
En analyse de base de données, le marketing fait donc appel pour décider et agir à des méthodes de découpage, de compartimentation issues de sciences « académiques » dites exactes. On peut donc s’interroger à l’heure d’une réthorique Marketing qui se prétend hautement relationnelle, sur la légitimité d’un quantitativisme qui, utilisé à l’excès, réduirait de fait le « sujet - client» à un seul objet de dénombrement.
Ce réductionnisme ampute naturellement la connaissance du client dans sa constitution multidimensionnelle, sa définition complexe et psycho-sociologique.


Un marketing en recomposition

Ce constat est d’ailleurs à rapprocher des pratiques alternatives du Marketing (street marketing, marketing expèrientiel, intermédiation C to C…) qui est à la mesure de l’insensibilisation croissante des clients et notamment des plus jeunes aux « mécaniques » classiques de marketing et de communication.
Ce « néo » marketing à visage humain (H to H : Human to Human) en émergence devient « in vivo » en se recentrant sur la vie réelle, le mouvement, l’affect, l’émotion, le sens.


L’assise scientifique d’une connaissance

D’Aristote à Auguste Comte en passant par Descartes nous gardons ancré en nous l’héritage (formatage ?) des critères de la scientificité d’une connaissance :

  • Hypothèse ontologique : les phénomènes connaissables ont une réalité extérieur à l’observateur
  • Hypothèse déterministe : principe de causalité et invariance des lois auxquels sont assujettis les phénomènes
  • Réductionnisme : diviser en autant de parties qu’il se peut
  • Principe de raison suffisante (logique déductive): exemple du syllogisme qui fonde une conclusion sur deux propositions posées comme vraies (tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme, donc Socrate est mortel).

Ces oukases de la scientificité ne sont plus gravés dans le marbre, au vu de l’évolution de certaines sciences (physique quantique, sciences du chaos et des systèmes non linéaires et complexes…). Mais les sciences dites de gestion, par nécessité d’être reconnues dans l’arbre « reconnaissant » des connaissances officielles et certainement non contente d’être qualifiées stupidement de sciences molles, ont adopté, emprunté des méthodologies scientifiques (la cybernétique étant aussi passée par là).

Naturellement les sciences de gestion ont contaminé l‘ensemble des disciplines s’y rattachant avec des méthodes aux fondements scientifiques (mathématiques de la décision, statistiques, recherche opérationnelles, modèles d’optimisation…).
Le Marketing, « inter ou trans-discipline » par excellence, n’avait donc aucune raison d’être épargné par « cet emprunt scientifique » tant et si bien que le Client a été intégré progressivement comme objet de connaissance.

Ainsi donc aujourd’hui ce même client enregistré en base ou en entrepôt de données est traité par les « Crmistes » comme une ontologie c’est à dire, un objet de la nature, une donnée « à priori », extèrieure à son observateur.
Cette perspective reviendrait donc à dire que le client existerait indépendemment de la représentation que nous en avons et surtout indépendamment de l’observateur (marketer, analyste de données).


De la segmentation à la défragmentation

Le regard sociologique (post ou hypermoderne) s’attache moins à l’individu (in-divisible) comme singularité, qu’à la personne (du latin personna = masque) multi - appartenante à des communautés, des « galaxies » virtuelles ou réelles, des « micro-sociétés » liquides, instables, mouvantes. La nouvelle logique de groupement serait donc inversée, moins réductrice que la segmentation puisque il s’agirait de recomposer, de « relier » au lieu de « délier ». Bref une vision plus de l’ordre du « champs » (au sens de la Physique), du « maillage clients» éphémère, flou et souple, voir même de l’Attracteur étrange (cf théorie du chaos). Cette vision ne ferait plus du client un simple Objet clos du « connaître », mais un vrai Projet de connaissance ouverte.


Denis FAILLY

01:05 Écrit par Denis Henri Failly dans Marketing | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Marketing, marketing, post modernité, compexité, web 2.0, client, crm | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

16 mars 2007

LES ENTRETIENS DU FUTUR

medium_EdF.jpgPlus qu'une époque de changement nous assistons à un changement d'époque, dans de nombreux domaines des activités humaines l'heure des remises en cause  (ruptures ou transitions) a sonné et signifie des changements de paradigmes, des façons de percevoir, ressentir, représenter, agir/interagir différentes, bref d'"être au monde" autrement selon des "alters"logiques. (Re)concilier les contraires, intégrer l'impérieuse urgence de la biosphère et du respect de ses équilibres dans nos  innovations, concevoir le caractère multi-dimensionnel, complexe, protéiforme, incertain et flou dans nos démarches, penser transversalement, penser hybridation/métissage, et multiplidisciplinarité, promouvoir et mettre en oeuvre la lithanie des "co" (co création, co-évolution, coopétition, co-llaboration, co-nnexion...), suciter l'imagination, tels pourraient être les quelques mots clés signifiants de l'esprit dans lequel s'inscrivent ces "ENTRETIENS DU FUTUR"

Cet espace est une agora interactive et multi - média où vous pourrez trouver des témoignages,C cas pratiques, écrits, conférences, interviews, liens, références d'auteurs, de praticiens, de personnalités...dont la réflexion, la contribution, l'action nous semble symptomatique (descriptive, explicative, prospective) des ressorts, enjeux et mutations de ce monde qui vient... .
 
N'hésitez pas a faire un lien sur vos blogs ou site et à y insérer le logo (redimensionnable) des ENTRETIENS DU FUTUR, si vous le jugez utile.

Bonne lecture, interaction, réflexion, contribution, innovation...

Denis Failly

11:10 Écrit par Denis Henri Failly dans Marketing, Prospective, Science | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Denis failly;entretien du futur | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

04 mars 2007

Edgar Morin - Intelligence de la complexité

J'étais ce Vendredi invité au petit déjeuner organisé par Armand Braun de la Société Internationale des Conseillers de Synthèse (SICS) pour la sortie d de l'ouvrage "Intelligence de la Complexité" dans le cadre du Colloque de Cerisy de 2005.

"C’est à un véritable mouvement de la pensée qu’Edgar Morin nous invite aujourd'hui : alors qu’un savoir fragmentaire et dispersé nous rend de plus en plus aveugles à nos problèmes fondamentaux, l’intelligence de la complexité devient un besoin vital pour nos personnes, nos cultures, nos sociétés" je rajouterai que ceci est impérieusement valable aussi pour le marketing, le management et disciplines connexes.

J'ai retrouvé quelques visages familliers de l'association pour la pensée complexe  (astrophysiciens, mathématiciens, épistémologues...) et j'ai eu le grand bonheur de rencontrer et m'entretenir avec Edgar Morin  qu'on ne présente plus (enfin pour les ignares voir ici)

medium_faillymorin.jpg

Autour de Edgar Morin nous avons retrouvé Jean Louis Lemoigne (voir mon interview) et Edith Heurgon  tous 3 intervenants que vous pouvez retrouver dans les vidéos qui suivent :

Edgar Morin - Sur l'émergence de la complexité - vidéo 1 


 
 
Edgar Morin - Sur l'émergence de la complexité - vidéo 2



 
Jean Louis Le Moigne - Introduction à l'ouvrage et à la démarche


Jean Louis Le Moigne est Président du Programme européen Modélisation de la CompleXité -MCX, Professeur émérite de l'université d'Aix Marseille il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles et l'un de représentants majeurs du courant constructiviste et de l'épistémologie associée

Edith Heurgon - Introduction à l'ouvrage et au Colloque de Cerisy



*Edith Heurgon est Docteur en mathématiques, ancienne responsable de La Prospective à la RATP, co-directrice de la collection "Prospective du présent" des Editions de l'aube et co-directrice du Centre international de Cerisy où elle organise chaque année depuis 1999 un colloque de Prospective

16:50 Écrit par Denis Henri Failly dans Livre, Marketing, Prospective, Science | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : complexité, edgar morin, jean louis le moigne, épistémologie | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

23 février 2007

La Soirée Mikonos

Diner fin janvier 2007 entre acteurs du Web 2.0, Marketers et parfois amis, sur l'invitation de Yann Gourvennec

Le théme de reflexion de la soirée Mikonos (Mise en Commun de Notre Savoir) fin Janvier était la participation et la coopération avec la présentation du récent livre de Thierry Maillet (Génération Participation)  et celui une intervention sur les Wikis de Jérôme Delacroix ( Les Wikis) que j'ai eu le plaisir d'interviewer.

Un débat bien animé s'il en est, suivi les deux interventions

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On reconnaitra sur la photo coté mur et de droite à gauche Thierry Maillet (Génération Participation), François Laurent (Vice président de l' Adetem et auteurs de l'excellent Marketingisdead et moi même, ah j'oubliais juste à coté de moi , de dos Marie Claude Louyot (Ingénieur chercheurchez EDF R&D et co-auteur avec Bernard Cova de l'excellent bouquin "Innover en Marketing, 15 tendances en mouvement", voir mon interview ici )

 

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Vue d'ensemble

22:30 Écrit par Denis Henri Failly dans Marketing | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : miconos, denis failly, thierry maillet, françois laurent | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

30 janvier 2007

Nouveau Marketing ou Renouveau du Marketing

Ce Vendredi 26 Janvier j'assistais au lancement du Club Marketing 2.0 de l'ADETEM (Association Nationale du Marketing) Retrouvez dans la vidéo ci dessous les principaux éléments de présentation du Club par Francois Laurent (Vice Pdt de l'Adetem, Auteur du blog Marketingisdead) et Laurent Flores (CEO Crmmetrix, auteur du blog Customerlistening)
 



Venez nombreux aux prochaines sessions du Club Marketing 2.0 qui auront lieu au Pôle Léonard de Vinci à Courbevoie (La Défense)

  • Le 14 Février 17h00: 1er Invité : Thierry Maillet, auteur du livre , Génération Participation
  • Le 22 Mars 9h00 : 2ème Invité : à définir, thème « communauté, co-création »
  • Le 8 Juin 9h00 : 3ème Invité : à définir, thème « influence »

16:15 Écrit par Denis Henri Failly dans Marketing | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marketing 2.0 | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

01 janvier 2007

Réflexion Marketing

Mes articles (parus sur Journal du Net, Neteconomie, VisionnaryMarketing, prospective foresight, FrenchWeb...)

"L'approche 2.0 comme prélude ou prétexte à un "Self Marketing"

"La Marketronique pour survivre sur les marchés de l’attention et en économie de la capture"

"Le principe de segmentation marketing a-t-il encore un sens ?"

"De l'usage de la métaphore au service de la connaissance client"

"Du B2C au H2H"

"Perspective(s) d'une Prospective client"

"Future prospects for marketing prospective"

"Etes - vous un Sujet Réticulaire Persistant (SRP)

"Objets Intelligents Non Identifiés"

"Marketing et Mémétique"

"Petite histoire de Base" (en 3 parties)

19:40 Écrit par Denis Henri Failly dans Marketing | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : failly, articles marketing, web2.0, crm, connaissance client, études, épistémologie | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

07 septembre 2006

De l'usage de la métaphore pour penser la connaissance client

Une de mes premiers articles publié en juillet 2003 sur Neteconomie

Sommaire

I - Introduction : du sens de la métaphore
II - Le chaos qui met k.o.
III - Le cantique du quantique
IV - Théorie des catastrophes : La rupture à consommer
V - Perspectives





I - Introduction : du sens de la métaphore

Pensée complexe, transversalités, approche organique et cellulaire des organisations et des processus, postmodernité…, sont les constituants d’une « épistémè » qui peut nous éclairer sur les changements de paradigmes qu’appelle la navigation en environnement incertain.

Pour les boussoles de l’entreprise (décideurs, prospectivistes, Responsables d’études…) ces approches à priori plus « spirituelles » qu’applicatives peuvent être des aides à la réflexion, à la distanciation parfois, des amortisseurs de rupture, des catalyseurs d’anticipation.
L’ hyper - information, l’interactivité, le changement permanent au sein des structures, des processus, des acteurs, des rapports à l’autre et au monde rappellent, nous semble t-il, l’impérieuse nécessité de faire émerger du sens, de l’intelligence, de l’audace dans nos analyses, nos recommandations, nos actions, en un mot : nos pratiques.

La Métaphore - une sorte de « benchmarking » qui s’écoute rai(ré)sonner) inspirée des théories scientifiques peut - être une aide riche d’enseignements pour « penser la pensée complexe », sortir des raisonnements binaires et linéaires et peut-être aussi d’un certain déterminisme parfois obtus car dogmatique :

il s’agit de donner et se donner matière à penser.

Comprendre les contours, cerner les images projetées, pour établir des parallèles entre les représentations propre à des univers « à priori » différents (imaginaire de l’homme de sciences / imaginaire de l’homme de marketing) me paraît fructueux.
Evidemment il ne s’agit pas d’en user avec excès, ni d’en tirer des conclusions hâtives et définitives.

En nous limitant aux domaines des études marketing et de la connaissance client qui sont les nôtres, nous prendrons trois exemples partiels, théorie du chaos, physique quantique et théorie des catastrophes, qui d’ailleurs se rejoignent sur certains points de l’exercice métaphorique.
Au final ce rapide balayage nous amènera à relativiser certains discours et pratiques dans le domaine de la connaissance client et à tenter de les re-situer dans la perspective plus globale de la post-modernité dont les contenus et les contours influent sur les perceptions, les comportements et leur mesure.



II - Le chaos qui met k.o.

Un système chaotique est un système complexe, fonction de multiples paramètres et dont la singularité est d’être très sensible aux conditions initiales de sa gestation ou de son expression.


La sensibilité critique aux conditions initiales

Une cause très petite, imperceptible, une sensibilité aux conditions initiales (perturbations, variation infime d’un paramètre) peut perturber, voire sur - amplifier un phénomène et le modifier complètement.

L’image poétique, vulgarisatrice et largement médiatisée de « l’effet papillon » nous vient dés lors, à l’esprit.
Dans le domaine du marketing et des études on peut aisément appliquer ce regard métaphorique.
En effet du côté de celui qui mesure ou participe à la mesure (l’observateur, Responsable d’études, enquêteur) d’un phénomène, d’un comportement, il existe des risques de biais que les spécialistes connaissent bien et que nous ne détaillerons pas ici.
Ces biais potentiels sont susceptibles, comme par réaction en chaîne, de limiter la validité interne d’une étude (effet de halo, effet d’ordre, effet de contamination…induits par les questionnaires par exemple).
De plus, les conditions de l’Etude, la disposition d’esprit et d’expression de celui qui questionne et du répondant au moment de la rencontre, de l’interaction (humaine ou artificielle via les technologies), influencent inexorablement même subrepticement, l’orientation de la mesure à toutes les phases (collecte, traitement, analyse, résultats).
C’est donc le « subrepticement », l’imprévu, le non maitrisé ou non maîtrisable, qui peut tout changer et qui s’apparente à la condition initiale de l’effet papillon.

Un effet qui peut mettre K.O. (par le chaos) la moindre prévision.

papillon.jpg




Maintenant du côté de l’Observé, outre les effets pré - cités, on peut facilement envisager des « effets papillons » dans des situations courantes de relations, de fréquentations, de consommations, de transactions, générant par exemple des effets d’expériences, de perceptions positives ou négatives (polarités) et donc des réactions idoines (mauvaise image perçue entrainant zapping, infidélité…).
Ces réactions peuvent être (sur)-amplifiées selon la qualité de l’interaction vécue (qualité de la relation avec un vendeur, une hot line ou tout autre service prétendant être orienté client…).

Cette première analogie nous rappelle combien l’individu ou groupes d’individus (segments) que l’on étiquette par réductionnisme, sous le vocable de « consommateurs », « clients », « internautes », « mobinautes »…est avant tout un système dynamique, multiple, changeant, imprévisible, en interaction constante, qui façonne le monde et est façonné par lui en retour.
L’homo sapiens est à la fois sapiens, oeconomicus, ludens (joueur), reticulus (réseau, relation), zappens (volatile)
La mesure de la sensibilité du client, son état, sa « vibration » que nous désignons par comportements, attitudes…est bien fonction de la sensibilité de la mesure.



III - Le cantique du quantique

La métaphore inspirée de la physique quantique nous paraît aussi intéressante que la précédente pour rappeler la difficulté à saisir l’individu « conso - acteur »
L’approche situationniste (moments, temps de vie et de consommation par exemple) permet déjà de sortir de la vision statique et réductrice de l’individu socio - démographiquement défini, vision souvent encore utilisée comme unique donnée de connaissance par nombre de « Marketers », de Responsables d’études et d’Analystes de Bases de Données.
Il est bien évident que la logique économique intervient (rentabilité / coûts d’étude) dans la dualité quantitative / qualitative.


Physique quantique et connaissance client

Les échanges d’énergie entre lumière et matière ne sont possible que par paquets discontinus, appelés : quanta

En général la connaissance clients (profils, comportements….) n’est possible que par un processus du type collecte, traitement, analyse.
Une mise en relation minimale directe ou indirecte est nécessaire, entre l’Observateur et l’Observé.
Elle correspond, soit à l’énergie engagée pour créer la rencontre entre le Chargé d’études et les individus étudiés qui vont révéler leur « vérité » perçue / vécue, soit à l’énergie investie entre individu et émetteur d’origine (entreprise commanditaire de l’étude par exemple).
Cette relation existe par les échanges, les flux relationnels, transactionnels, informationnels entre l’entreprise, la marque, le site Web…qui donnent matière et raison d’être à l’étude.
Dans le cas présent, c’est le caractère discontinu de ces « paquets relationnels » qui fonde la métaphore.
Puisque il est matériellement impossible d’effectuer une mesure réelle et permanente, si ce n’est à l’instant t (éventuellement renouvelée aux instants t+n, cf. panels…), de ce qu’est le client dans toutes ses dimensions intéressant le marketing (comportements, attitudes, opinions, relations, réseaux…) on est obligé de le figer
dans l’instant de la mesure, avec la simplification, la réduction que cela impose.


La dualité onde - particule

La physique classique considère d’un côté les ondes de l’autre les corpuscules (images des billes pour les particules), la physique quantique conçoit la co-existence onde / corpuscules (logique du ET).

On rejoint ici le point précédent en l’approfondissant, en effet chaque individu est porteur à un moment donnée (t) de ce que je qualifierai de spectre identitaire et comportementale, à savoir un ensemble de données lié à :

-son profil socio - démographique,
-ses attitudes, opinions, motivations, perceptions…relatives aux Marques, Entreprises, produits / services, etc,
-ses comportements d’achats, ré - achats, fidélité, infidélité,
-ses moments de vie et ses contextes de consommation…

Ce spectre est naturellement très mouvant, même si le profil classique (socio-démographique) est relativement statique à moyen et long terme.
Tout ce qui relève de la perception et donc du rendu de cette perception est très instable et changeant parfois à très court terme (on retrouve l’ « effet papillon » potentiel cité plus haut).
Par analogie avec l’espace quantique, l’individu se retrouverait donc dans un espace flou et probabiliste, sorte de plasma, appréhendable sur certaines singularités à un certain moment (les données classiques à l’instant de la mesure du Chargé d’Etude) mais insaisissable dans sa totalité, son « énergie », sa « fréquence » réelle.

Il n’est rien de plus constant que le changement

Les comportements individuels sont aussi sujets à interrogations pour l’analyse, du fait :
- du caractère parfois simultané, superposé des comportements selon une logique du ET par opposition au OU
binaire.
- une tendance au paradoxe dont s’accommode très bien notre sujet et que l’on peut trouver par exemple dans
les différences constatées entre le déclaratif (dans une enquête, un questionnaire auto - administré) et le«constaté » (actions réelles).

Hors aujourd’hui toute la difficulté n’est-elle pas d’appréhender le sujet dans sa complexité, son caractère multi - dimensionnel.
A l’instar d’une particule qui change de niveau d’énergie (superposition dynamique de mouvements potentiels) le consommateur saute donc d’un espace à un autre (espace de choix, d’offres, d’attitudes, de transactions, de fréquentations, d’achats…), ces sauts s’expriment notamment par des comportements d’abandon, d’Infidélité, de zapping…qu’essaient justement d’endiguer les acteurs marketing.

quanti.2.jpg



Qu’il soit prospect, client fidèle ou occasionnel, notre client est avant tout humain, il attend donc en retour des offres, des messages, des discours de marques qui parlent à toutes ses dimensions (statut, moments, perceptions…).
Il nous faut peut-être passer de l’USP (Unique Selling Proposition) des publicitaires à la MSP (« Multi - selling proposition), capable de faire du « selling » en « global », « cross », « up » et pourquoi pas « down » si cela correspond à l’attente « justement » dimensionnée du client.


La non séparabilité

Deux particules émises dans deux directions opposées et quel que soit leur distance demeurent en corrélation à travers l’espace - temps comme si elles demeuraient indissociables, jumelles malgré la distance (cf. Einstein, Podolky, Rosen puis Alain Aspect).

Appliqué à notre sujet ce principe pourrait correspondre à un effet d‘histoire.
En effet un individu (prospect, client) qui a interagit (relation, transaction) dans le passé avec un émetteur (entreprise, marque, produit, service) forme un tout inséparable, c’est la vision expérientielle de la relation.
Il est amusant de penser que si la non séparabilité s’appliquait réellement aux êtres humains qui sont constitués de particules, cela signifierait que nous pourrions être ubiquistes, ici et ailleurs en même temps, appréhender l’individu serait encore plus inimaginable.


Principe de superposition

Un état quantique décrit une particule qui peut être présente sur des niveaux d’énergies différents.

Si on assimile par métaphore la particule à l’individu, on est incapable de le localiser, il se situe quelque part dans une sorte de « no man’s land » flou, indéterminé.


Principe d’indétermination ou d’incertitude (cf. Heisenberg)

Si l'on connaît parfaitement la position d'une particule, on ne peut en connaître la vitesse et inversement.
Sur de très courtes durées l'incertitude sur la mesure de l'énergie est très grande, c'est-à-dire que l'énergie peut fluctuer considérablement sur de très courtes durées.
Cela implique que le comportement de la matière à l'échelle de l'infiniment petit n'est pas déterminé ou prévisible.
Les mesures que l'on peut effectuer sur la vitesse et la position de particules sub-atomiques expriment, non pas des certitudes, mais seulement des probabilités.

quantique.jpg



Connaître le profil d’un individu au moment de la mesure ne nous donne pas d’informations sur sa mobilité, sa dynamique voire sa « malléabilité » comportementale, attitudinale…sa pré - disposition au changement à très court terme.

Enfin de façon plus classique et pour relativiser n’oublions pas que le regard, l’analyse de l’Observateur, du Chargé d’Etudes (sa lumière !) interagit, tel le photon avec l’électron, avec l’objet, sujet de son étude, et par la même le modifie.
La moindre mesure interfère avec l'objet de la mesure et…le change.



IV - Théorie des catastrophes : La rupture à consommer

Le mot catastrophe doit être envisagé ici au sens de son étymologie grec « Katastrophê » c'est – à dire « bouleversement » changement brusque et non prévu
Il s’agit plus d’une démarche, d’une méthode pour rendre plus intelligible, via la métaphore par exemple, des situations ou des systèmes complexes.
Différents modèles de comportements ont été proposé : pli, fronce, queue d’aronde, papillon.
La catastrophe, au sens pré – défini, se produit lorsqu’on passe d’un état d’équilibre stable donné, à un nouvel état stable différent, naturellement cet équilibre peut - être relative et fragile.

Le client dans toutes ses composantes (actions, perceptions…) pourrait ainsi être envisagé comme un champ informationnel, protéiforme.
Les actions, flux, stimuli…dont se nourrit le client, via un émetteur (campagne marketing / communication des marques par exemple), ou un observateur (Chargé d’Etudes…) et qu’il nourrit en retour (interactions) déterminent, une figure topologique au travers de la quelle le client va se mouvoir à partir d’une situation initiale (instant 0 de l’observation ou de la réception du stimulus émetteur) considérée comme un point d’équilibre.
Partant de là, une trajectoire multi – modale s’offre au client qui peut « naviguer » selon son état du moment (réceptivité de l’instant, perceptions, expériences passées d’une marque, d’un produit, d’un point de vente..) ou selon que sa démarche est exploratoire (achat spontané, ou prise d’informations) ou confirmatoire (achat réfléchi).
Le choix d’une trajectoire (modalité comportementale) entraîne une catastrophe (au sens défini plus haut), c'est-à-dire la rupture de l’équilibre initial (symbolisée par la fronce par exemple dans l’un des modèles de la théorie des catastrophes de R. THOM).
Les modalités de choix, traduites en comportements et donc en trajectoires déterminent ainsi un espace des possibles (achat – non achat, fidélité - infidélité,…).

catastro.3.jpg



V - Perspectives


Modèles d’analyse

Le statut « quantique » de l’entité individu - client, l’évolution chaotique, imprévisible, de ses comportements et perceptions qui nous révèlent sa réalité subjective posent questions sur la valeur « d’avant-vente » des données et de la connaissance client. On peut souligner à cet égard :

- le caractère très contextuel, subjectif de certaines données (évènements et faits générateurs de la donnée)
- la dépendance entre variables et évènements dans le monde réel par opposition à certains principes
statistiques et probabilistes (postulat d’indépendance)
- le déterminisme de certains modèles statistiques dont la fixation des règles fait forcément l’objet d’un parti pris,
ne signe t-il pas la faible pertinence, si ce n’est le caractère très relatif de certaines pratiques et applications ?
- l’interrogation sur la justesse, la volatilité, la durée de vie de la donnée


Base de données

La base de données clients idéale devrait pouvoir intégrer une vision multi - temporelle du couple données - études (celles qui sont extraites des bases) et se structurer selon :

- le temps long des études lourdes (6 mois un an),
- le temps médian de la gestion de la base de données (heures, jours, semaines)
- le temps court voir très court du réel observable mais…peu observé car matériellement inobservable : « le vif du sujet »


Gestion de la relation client (GRC / CRM)

Quant à la GRC, il peut sembler étonnant lorsque l’on consulte certains ouvrages, lorsque l’on assiste à certaines conférences, voire même aux rares formations (formations initiales) existantes, d’entendre les mêmes discours stéréotypés, très formatés, uniformes sur la GRC et de notre point de vue, dénués de toute approche qualitative, affective, humanisante…distanciée.


Quid de la relation proprement dite ?

En réalité Enseignants ou Experts nous parlent, plus souvent de la gestion de la donnée client que de la relation client et quand bien même la composante relation est abordée, elle relève bien souvent des outils et des technologies (Call Center, Base de données, Système d’Informations…)
Hors la multi - dimensionnalité du client évoquée plus haut se perçoit, se conçoit, dans un rapport véritablement bilatéral, « affectio personae », empathique entre l’entreprise et son client.
Certains d’entre nous ont certainement déjà reçu des appels téléphoniques d’opérateurs de services dont l’interlocuteur se présente comme « votre » conseiller (délocalisé dans un Call Center indépendant de l’opérateur et que vous ne connaissez d’ailleurs pas).
Dans une longue litanie récitatif digne d’un bon petit soldat robot, ledit conseiller vous débite alors son discours, lu son écran d’ordinateur, sans vous laisser en placer une, productivité oblige !
Mais entre deux extrêmes, la causerie au coin du feu et le discours formaté, plaqué sur du vivant (pour reprendre le mot de Bergson sur le rire) il y a certainement un juste milieu,…un peu d’authenticité !


Du B to C au H to H

La substance d’une relation se définie aussi par son contenu, un supplément d’âme derrière lequel doit savoir s’effacer le « média ».
En quête de sens, à la vérité que révèle le client doit correspondre la vérité de celui qui le sollicite.
Savoir - faire, savoir – être, doivent pouvoir se conjuguer dans une subtile alchimie non pas pour vendre ou collecter toujours plus des données, mais pour vendre ou nourrir sa connaissance client toujours mieux et juste.
Revenir aux fondamentaux en faisant du B to C par du H to H (human to human) n’est pas une régression en soi.


Management et culture interne

A un niveau plus global, et pour l’avoir observé, il est clair que certaines organisations, certains collaborateurs restent ancrés dans une mono - culture métier « quasi - mécaniste », par trop de spécialisation elle entretient malheureusement une « inculture » organique.
Dés lors la vision transverse, « hologramique » (la partie à conscience du tout et inversement), sensible…d’un projet, d’une problématique, d’une connaissance (client par exemple) leur échappe.


Modernité / Post modernité

Par une sorte de saturation de la projection dans l’avenir et des promesses illusoires (dans tous les domaines) notre sujet avant d’être client surfe dans tout les domaines de la vie sur des vagues par nature mouvantes,
Ces formes éphémères, se construisent et se déconstruisent en permanence (espaces d’échanges, de relations, de transactions, de mobilité…).
Une analogie avec la « physique des fluides » (par opposition à une physique des solides) nous suggèrerait une vision d’écoulement de tourbillons, de flux et de reflux, de mélanges, de bifurcations aléatoires.
On ne peut plus, comme le pratique la pensée Moderne (rationalisme notamment), analyser l’individu sans l’englober dans son agrégat d’appartenance (communauté, tribu, liens, micro - solidarités, …).
L’individu ne vaut dés lors, que par cette appartenance qui fait sens dans et par une vision globalisante.
Ce que saisit l’Analyste Chargé d’Etudes de l’individu n’est que la partie émergée, superficielle de l’être, un point de cristallisation d’un magma comportemental, sociologique, psychologique.
Hors le sujet se meut dans ce que nous nommerons un bassin de forme, mouvant par définition, et où co-existent flux et reflux, vagues et courants contradictoires, éphémères.
Les jeunes générations sont d’ailleurs de ce point de vue, exemplaires.

En effet, l’opportunisme dans l’action (consumériste ou non), l’effet d’histoire immédiat et éphémère dans les relations, l’effervescence de l’être aspiré dans le collectif (Rave - party, manifestations, concerts…) est symptomatique.
Certains jeunes semblent aménager, construire, voire « bricoler » par, pour et dans le quotidien (par opposition aux utopies et grandes idéologies séculaires) leur propre « vivre - ensemble ».
Par bouffées émotionnelles, au gré des évènements, les individus se créent des « Legos » idéologiques d’appoint, prétextes aux liens, à l’agrégation communautaire.

Les technologies de l’information, la pratique de l’hyper-navigation, le virtuel, la possible réalisation du « anywhere, anything, anytime », renforce le phénomène et favorisent un imaginaire, une pensée et des comportements pétris de « Carpe diem », « d’ici et maintenant » où se croisent des champs d’attraction – répulsion et se propage une communion de l’instant…éphémère.

A la suite de Sociologues, tel Edgar MORIN, ou Michel MAFFESOLI, dont la pensée et les écrits nous inspirent, nous pensons que les pratiques linéaires, binaires, cartésiennes, déterministes, analytiques (dont s’alimentent la connaissance client), par habitude, réflexe, « formatage » lié à l’éducation, ne sont plus en phase avec les réalités de la Post-modernité et de la Complexité
Naturellement cette remarque concerne moult domaines et le temps est peut - être venu de promouvoir une « Ecologie de l’esprit » propre à (re)modeler, orienter les Savoirs -faire et Savoirs -être pour et par l’humain.

Denis Failly 

15:10 Écrit par Denis Henri Failly dans Marketing | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : chaos, complexité, quantique, crm, marketing | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

01 février 2006

Interviews de quelques "vigies" NextModernes

Ils ont bien voulu répondre à mes questions..:

sur La bibliothèque NextModerne


...d'autres interviews sont à venir sur:

http://nextmodernitylibrary.blogspirit.com

10:40 Écrit par Denis Henri Failly dans Marketing | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Innovation | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |